[INFOGRAPHIE] Le secteur social et médico-social représente une part majoritaire des activités des structures de l’ESS, mais nous n’en connaissons pas l’empreinte carbone. Une étude commanditée par la CNSA met en lumière celle du secteur de l’autonomie où l’ESS est très présente.
Autant que le béton
L’étude est inédite. Produite par The Shift Project à la demande la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) et l’Ecole nationale des dirigeants de la protection sociale (EN3S), elle révèle l’empreinte carbone du secteur couvert par la branche autonomie (vieillissement, handicap). 10 millions de tonnes en équivalent CO2. Ce qui représente 1,5 % des émissions françaises.
Cela peut paraître peu, mais une équivalence est parlante : le secteur de l’autonomie émet autant de gaz à effet de serre que la production de béton et de ciment en France. L’accueil en Ehpad couvre 60 % de ces émissions, l’accompagnement de l’autonomie des personnes en situation de handicap représente 27 % et l’aide à domicile 13 %.
Si l’on met en regard ces chiffres avec le poids de l’ESS dans chacune de ces activités (voir infographie), il est raisonnable d’évaluer à , au moins, la moitié des émissions qui revient à des organisations non-lucratives et donc de l’Economie sociale et solidaire.
Plan de décarbonation
L’utilité d’une telle étude est qu’elle va permettre d’enclencher la réflexion et la mise en œuvre d’un plan de décarbonation du secteur, à l’initiative du financeur de la branche, la CNSA. « D’ici le mois de juin, nous aurons estimé le coût d’une planification écologique du secteur et proposé des arbitrages sur le partage du coût avec l’Etat », souhaite Vanessa Wisnia-Weill, directrice du financement de l’offre à la CNSA. Des arbitrages qui pourraient se concrétiser dans le prochain Projet de loi de financement de la Sécurité sociale et qui devrons inclure les Départements qui assurent la solvabilisation de l’offre à travers l’administration de l’Allocation adulte handicapé (AAH) et l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA).
Dans les grandes masses, l’empreinte carbone du secteur se répartit en quatre quarts entre les déplacements (27 %), l’alimentation (24 %), la consommation d’énergie des bâtiments (22 %) et un dernier quart qui regroupe les travaux, les soins, la gestion du linge…
Trouver les sources de réduction
La gageure d’une planification écologique sur un secteur d’intérêt général est qu’il faut diviser par cinq les émissions d’ici 2050 tout en assurant la continuité de services dont les besoins vont augmenter. Le Rapport du Shift Project nous laisse d’ailleurs dans l’expectative sur l’ensemble des solutions.
Deux hypothèses ont été formulées : avec on sans virage domiciliaire. Les projections effectuées ne permettent que d'approcher le niveau de réduction des émissions escomptées quelque soit le scénario. Le travail est donc loin d’être terminé. Il sera sûrement nécessaire d’aller voir du côté des leviers organisationnels pour réduire encore l’impact, à côté des enjeux de rénovation énergétique des bâtiments, de l’électrification des parcs de véhicules ou encore de l’alimentation. « Ces leviers organisationnels sont indispensables, mais ils sont compliqués à évaluer dans des études de ce type. », relève Laurie Marrauld, maîtresse de conférence à l’EHESP et cheffe de projet Santé au Shift project. La planification écologique de l'autonomie sera donc à suivre de près car elle aura un impact fort sur les perspectives de la branche et influera inévitablement sur les enjeux d'attractivité des métiers qui touchent l'ensemble des organisations.