Le réseau d'entreprises d'insertion Envie, spécialisé dans le réemploi d'électroménager, s'inquiète de la perte d'une partie des marchés de collecte et des Déchets d'équipements électriques et électroniques attribués par Ecosystem, le principal éco organisme sur cette filière des DEEE. Agnès Pannier-Runacher dit suivre le dossier quotidiennement.
Pionnier du réemploi solidaire
Les entreprises d'insertion ont vocation à accompagner la réinsertion sociale et professionnelle de personnes éloignées de l'emploi en développant une activité économique réelle et donc concurrentiel. C'est le cas du réseau Envie (53 entreprises, 3800 salariés) qui a non seulement initié le réemploi dans l'électroménager il y a quarante ans, mais qui est parvenu à conquérir le tiers du marché de la collecte et du recyclage des DEEE en France, devenant un acteur incontesté aux côté de concurrents tels que Véolia ou Derichebourg.
Envie s'est alarmé, le 10 avril, d'une perte de plusieurs marchés régionaux sur ce dernier segment de la collecte, suite aux résultats des appels d'offre de renouvellement annoncés par Ecosystem, l'éco organisme historique sur les DEEE. Pour Envie, ces résultats "axés principalement sur des critères tarifaires, pourrait entraîner la perte de plus de la moitié des marchés logistiques avec à la clé la mise en péril d'un maillage territorial solide. Jusqu'à 1000 postes sont menacés (...) dont une large majorité en parcours d'insertion." Les entreprises Envie à Rennes, Nantes, Angers, Niort et Mulhouse font partie des plus menacées.
Projet social et écologique
L'activité de collecte et de traitement des DEEE fait partie du modèle économique des entreprises Envie. "Nous avons des coûts supérieurs parfois à nos concurrents, car nous développons la collecte préservante", explique Jean-Paul Raillard, président de la Fédération Envie. Cette pratique vise à soigner la collecte et le transport des appareils afin d'optimiser les volumes orientés vers le réemploi, plutôt que vers le recyclage des matériaux. La perte de ces activités aurait don un impact sur l'emploi direct, mais pourrait faire tomber, par effet domino, l'activité de réemploi et reconditionnement d'électroménager du fait d'une perte du gisement d'appareils à réemployer.
Envie est le premier acteur en France du réemploi avec un réseau de 53 entreprises qui maillent le territoire national. Et Ecosystem a pour mission de développer les volumes réemployés face au recyclage car plus écologique. La Loi Agec, votée en 2020 a fixé l'objectif de passer la part du réemploi de 3 à 10 % d'ici 2030. Dès lors, la Fédération Envie appelle Ecosystem à "assumer son rôle d'entreprise à mission, son engagement affiché pour le réemploi/reconditionnement, et d'ouvrir un véritable échange pour sauvegarder les entreprises logistiques Envie".
Agnès Pannier-Runacher suit le dossier
Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique a réagit en réponse à une question au Gouvernement posée par le député breton Tristan Lahais, le 9 avril : "Dès que nous avons reçu cette alerte, mes équipes ont contacté le réseau Envie et Ecosystem pour comprendre tous les tenants et aboutissants de cette situation et élaborer une solution concrète qui permette de préserver au mieux l’activité d’Envie, s’agissant en particulier du réemploi. Je vous assure que nos échanges sont quotidiens et que je suis impliquée dans le traitement de ce dossier."
Mais de fait, la perte de ces marchés par Envie est le résultat d'un appel d'offre qui a suivi les règles de la mise en concurrence. La marge de manœuvre est donc pour trouver un accord qui ne mette pas à mal la règle des marchés publics, tout en défendant l'intérêt général d'une filière de l'économie circulaire.
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