La formation des salariés en insertion est à l'arrêt depuis le début de l'année 2025, en raison d'un blocage administratif des fonds publics. Nouvelle illustration des multiples difficultés des entreprises de l'ESS à conduire leurs missions d'intérêt général dans un cadre d'économies budgétaires.
70 millions d'euros bloqués
La somme n'est pas anodine, tout comme son utilité. Dans le cadre du volet Insertion par l'activité économique du Plan d'investissement dans les compétences (PIC IAE), l'Etat a alloué 70 millions d'euros aux entreprise d'insertion afin de financer les actions de formation qui alimentent le parcours réinsérant de leurs salariés, pour l'année 2025 (c'était 100 millions en 2024).
Mais pour le moment, ces 70 millions restent une chimère en raison de blocages administratifs, alors qu'ils ont bien été votés dans le projet de loi de finance. En effet, les OPCO, qui sont les organismes en charge d'instruire le financement des formations par branche ne connaissent pas le montant de leur dotation annuelle car le gouvernement tarde à rendre ses arbitrages faute d'une visibilité claire sur les recettes fiscales dont l'Etat disposera, au regard des projections de croissance de l'activité économique. Seuls deux OPCO ont décidé de débloquer les sommes malgré tout : l'OPCO Santé et l'OPCO Uniformation qui couvre le champ d'activité de la cohésion sociale. Les entreprises d'insertion, elles dépendent de l'OPCO lié à leur secteur d'activité.
La formation à l'arrêt
Résultat, la formation est à l'arrêt. Mais pendant ce temps les salariés en insertion, eux n'ont pas le temps d'attendre. Leur contrat d'insertion (entre six et 24 mois) se poursuit et la formation est un levier important de leur réussite. Malheureusement pour eux, aucune action de formation ne peut être lancée depuis le début de l'année. Une situation inacceptable pour les entreprises d'insertion et de travail temporaires d'insertion : "il devient urgent que Gouvernement et les OPCO débloquent l’enveloppe du PIC IAE, déjà annoncée depuis le 19 février, car cette situation est incompréhensible et intenable", s'alarme Nadia Landry, présidente de la Fédération des entreprises d'insertion.
Des entreprises ont dû lancer des formations financées sur leurs fonds propres sans aucune garantie qu’elles soient remboursées par les OPCO et ce malgré l’accumulation de difficultés de trésoreries du fait d’une conjoncture défavorable, d’une baisse des budgets de l’IAE (environ 80 millions d'euros de coupes budgétaires) et du retardement des versements des aides aux postes.
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