3 questions à Patrick Gohet

25/03/2014
Actualité

Patrick Gohet, inspecteur général des Affaires sociales a remis un rapport très attendu au gouvernement sur l’avancée en âge des personnes handicapées au mois de novembre dernier. Patrick  Gohet était de 2009 à 2012 président du conseil national consultatif des Personnes handicapées et précédemment délégué interministériel aux Personnes handicapées.

 

Pour quelles raisons le gouvernement vous a t-il demandé de faire un rapport sur l’avancée en âge des personnes handicapées ?
 
L’année dernière, Marie Arlette Carlotti, ministre déléguée en charge des Personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion m’a demandé ce qui me semblait important à travailler dans le domaine du handicap. Je lui ai immédiatement indiqué que l’avancée en âge était un sujet qui n’avait pratiquement pas été abordé. Très rapidement, la ministre a été rejointe par Michèle Delaunay, ministre déléguée en charge des Personnes âgées et de l’Autonomie et les deux ministres ont décidé de me confier l’animation du groupe qui a élaboré le rapport. A l’origine de ce rapport, il y a un constat : il n’existe pas de stratégie nationale pour répondre à la question de l’avancée en âge des personnes handicapées. Le groupe de travail que j’ai animé avait pour mission d’identifier les spécificités du vieillissement des personnes handicapées, de relever ce qui d’ores et déjà peut être fait et de suggérer une véritable « stratégie nationale ». J’ai tenu ensuite à ce que nous  allions sur le terrain voir les réalités qui sont vécues au quotidien par les personnes handicapée âgées, les familles, les professionnels et les décideurs publiques afin de soumettre nos analyses et nos préconisations générales à l’épreuve des faits. 
 
Quels sont les principaux contenus de ce rapport sur l’avancée en âge des personnes handicapées et dont la méthode de travail semble assez novatrice ? 
 
Dans le rapport, il s’agissait de répondre à quatre objectifs, l’anticipation, la prévention, le repérage, et l’accompagnement ce qui se traduit dans le premier tome par la synthèse des travaux (analyses et préconisations) et qui constitue une vision générale de la question ; dans le deuxième tome, on trouve l’ensemble des contributions (plus de 200) que nous avons reçu de la part de tous les acteurs ; dans le troisième, sont intégrés les comptes rendus des visites que nous avons faites sur le terrain. Je pense que l’on a dans une large mesure innover parce qu’il y a, dans le rapport, une vision doctrinale du sujet et une possibilité de vérifier ce point de vue par les réalisations du terrain. Un film a d’ailleurs été réalisé, ce qui constitue une première. Au total, nous avons proposé un processus pluriannuel qui porte sur la sensibilisation, la mobilisation des acteurs, et la mise en place des moyens pour atteindre ces objectifs, en réunissant des éléments qui sont de nature à décider d’une stratégie.
 
Parlons de la règle : chaque personne doit trouver la solution adaptée à ses besoins. Ce qui va depuis la formule la plus intégrée en milieu ordinaire, l’appartement adapté, jusqu’à l’accueil dans un EPHAD, en passant par la famille d’accueil, la maison d’accueil pour personnes handicapées âgées, les formules de répit et d’accueil temporaire, l’adaptation de l’offre médico-sociale. Le groupe a tenu à rappeler que ces objectifs passent par des conditions à remplir pour qu’ils deviennent effectifs. C’est pourquoi, nous avons traité de la coordination des acteurs. Ensuite, il faut intégrer l’avancée en âge dans la formation des personnels, et en particulier dans le cadre de la formation continue, afin d’accueillir, accompagner, entourer, etc. Il y a également des conditions éthiques et déontologiques, la prévention de la maltraitance, y compris la maltraitance involontaire. Dans le rapport, nous parlons davantage d’accompagnement que de solutions éducatives. 
 
Nous avons aussi pointé dès le départ que nous ne disposions pas d’éléments statistiques et épidémiologiques suffisants. La problématique de l’avancée en âge doit être intégrée dans les enquêtes populationnelles. Nous avons constaté également que l’avancée en âge des personnes handicapées avait une forte particularité, les handicaps d’origine s’accroissent au fil du temps et de nouveaux handicaps peuvent apparaître. Ensuite, nous avons mis l’accent sur la question des aidants et notamment des aidants familiaux. 
 
Pensez-vous que le gouvernement inscrira vos préconisations dans le projet de loi sur l’adaptation de la société française au vieillissement qui doit être voté au Parlement cette année ? 
 
Le gouvernement, en particulier, la ministre des Affaire sociales et de la Santé, Marisol Touraine, Marie Arlette Carlotti et Michèle Delaunay dispose ainsi d’une vision générale, de la diversité des approches et des réalisations de terrain à partir desquelles le gouvernement peut travailler pour formuler les réponses attendues. Le groupe souhaite explicitement que l’on n’oublie pas l’avancée en âge des personnes handicapées dans le cadre général du vieillissement et notamment lors de l’adoption de cette loi sur l’adaptation de la société française au vieillissement. Lorsque j’ai remis le rapport à Mme Carlotti et à Mme Delaunay, ce point là a été clairement précisé par les deux ministres. Maintenant, c’est une question de volonté politique, tant de la part du gouvernement que de ses interlocuteurs. Il n’y a pas de raison d’en douter a priori. Le cœur de la stratégie à venir, c’est d’évoluer vers une politique de l’autonomie qui ne soit pas discriminante et qui, dans le même temps, prenne en compte les spécificités des populations concernées, notamment des personnes handicapées. 

Pour télécharger le rapport « L’avancée en âge des personnes handicapées, contribution à la réflexion »  : www.social-sante.gouv.fr 
 

 

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