"On ne peut pas faire l'économie de temps d'échange sur le travail et ses difficultés au sein des équipes"

12/10/2020
Actualité

Fait inédit, les Risques psychosociaux seraient la deuxième cause d’arrêt de travail, devant les troubles musculosquelettiques. Un renversement de la hiérarchie alors que les indemnités journalières ont fortement augmentée en 2020. Pour les experts prévention de Chorum, la crise sanitaire a, pour le moins, aggravé les situations dysfonctionnantes. Interview de Magali Ollier, chargée de missions Prévention et Santé au travail à Chorum.

Vous accompagnez plusieurs structures du secteur médico-social dans leur diagnostic RPS(1). Quel est l’impact de la crise sanitaire sur ces organisations ?

Magali Ollier :Les sujets pour lesquels Chorum est sollicité, portent peu sur les conséquences de la crise sanitaire. Mais de ce que nous percevons de nos analyses de terrain, on peut formuler l’hypothèse que le confinement a aggravé des situations déjà dysfonctionnantes. Nous observons notamment un rupture de confiance entre les équipes de terrain et leur encadrement (équipe de coordination, chef de service, etc.)

Nos diagnostics portent sur l’analyse des organisations du travail, de la relation managériale et des formes de soutien apportées ou non aux intervenants.. Or, les équipes ont de moins en moins la possibilité de se confronter à la « controverse professionnelle ». Dans les structures de la protection de l’enfance, par exemple, les équipes d’accompagnement comprennent bien-sûr des éducateurs, mais également des psychologues, des maîtresses de maison, des surveillants de nuit. Dans ce contexte pluridisciplinaire, on ne peut faire l’économie d’échanges sur la manière de réaliser le travail, pour trouver la réponse éducative adaptée à chaque enfant.

La pression de l’urgence et de l’intensification du travail explique-t-elle à elle seule la dégradation des situations ?

La charge et les exigences émotionnelles au sein du secteur sont maintenant reconnues comme facteurs importants de RPS. Pour autant, l’absence ou la réduction des temps de travail communs explique également les situations dégradées que peuvent rencontrer les équipes du secteur. Des temps de réunion, de synthèse, des temps de construction de savoir-faire partagés et des règles de métiers sécurisants sont essentiels pour ces métiers confrontés à la violence, à la maladie, aux handicaps.

L’encadrement a alors un rôle majeur à tenir pour limiter l’exposition à ces facteurs de RPS : celui d’organiser des temps de discussions, de recherche de solutions avec les équipes et surtout d’en être le garant dans leurs applications.

A défaut, les structures se confrontent à l’augmentation des départs, des arrêts de travail pour raison de santé, et à terme au turn over qui en retour, affaiblissent et alimentent les situations de travail dégradées.

Et comment sortir de la spirale ?

Il peut être intéressant de travailler avec les équipes sur les ressorts de leur intérêt au travail pour favoriser la fidélisation. Comprendre ce qui fait que les salariés restent dans la structure, ce qui fait qu’ils/elles ont plaisir à travailler dans leur structure, ce qui fait sens pour elles/eux et quels sont les déterminants de leur engagement, au-delà des contraintes que l’on connaît du secteur. Les éléments de réponses permettront alors d’engager des actions concrètes relevant des enjeux clés en matière de santé au travail tels que la reconnaissance, le soutien, l’autonomie, la compétence, etc. Ce travail peut tout à fait être mené par l’encadrement de proximité avec un appui méthodologique ou une formation à l’animation des collectifs de travail.

 

  1. Dans le cadre du Haut degré de solidarité, les structures de la CCN 66 peuvent solliciter un financement pour des actions de prévention individuelles ou collectives.

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