La nouvelle étude auprès des dirigeants des structures d’aide à domicile membres de l’UNA révèle que la rupture de prise en charge des personnes dépendantes s’aggrave, malgré leurs efforts pour réorganiser leurs structures. Le chantier de l'attractivité des métiers reste stratégique pour combler le manque de professionnelles et le turn-over.
71 % des structures touchées
Le chiffre est sans appel. Neuf dirigeants sur dix membres de l’UNA, une des principale fédération de l’aide à domicile affirment que la situation s’est aggravée entre 2021 et 2022. Un chiffre révélé dans la quatrième édition de l’Etude auprès des directeurs & directrices des structures du réseau UNA. Ce sondage, réalisé fin 2022, a recueilli l’opinion de 131 des 571 dirigeants et dirigeantes du réseau. Point focal de cette étude : la continuité du service apporté aux personnes dépendantes.
71 % des structures ont connu au moins une rupture dans cette prise en charge. Un chiffre stable (70 % en 2021). Mais un autre est plus inquiétant. Les ruptures de prise en charge sont en hausse globale de 20 % par rapport à 2020. En 2022, 10 % des prises en charges ont du être refusées par les structures et une sur cinq n'ont pu être assurées que partiellement. La part des structures ne connaissant aucune rupture est passée de 21 à 18 % en un an.
52 % des offres non pourvues
L’attractivité des métiers de l’aide à domicile est la principale cause de ces difficultés. Conditions de travail, faiblesse des salaires… les failles sont connues. L’étude de l’UNA mesure aussi cette année le niveau de « fuite » des salariés : 85 % des structures ont vu des salariées partir pour réorientation professionnelle Et plus des deux tiers des structures ont vu partir des salariées qualifiées ou non vers des postes en établissements (Ehpad, CHU).
Et malheureusement ces départs ne sont pas compensés par des arrivées. Pire la part des postes ouverts non pourvus est passée en un an de 30 à 52 %, soit environ 40 000 postes sur l'ensemble du secteur.
Améliorer la tarification et la QVT
Selon les répondants à cette étude, trois mesures sont à prendre en priorité :
- Améliorer la qualité de vie au travail (96 % des répondants)
- Revaloriser l'indemnité kilomètrique (94 %)
- Améliorer la tarification des services par les départements (93 %)
Magali Westrelin, directrice générale d'UNA Artois (elle préfère le terme de leader) a amélioré les conditions de travail, réduit le taux d'absentéisme et limité les accidents du travail grâce à une réorganisation inspirée du modèle d'entreprise libérée Burtzorg. Mais " cela fait six ans que nous avons un tarif contraint, fixé par le Conseil départemental et nous perdons 2 euros de l'heure. On ne peut plus continuer de travailler à perte ! " Pour tenir : " Il faut sans cesse se réinventer. Je me suis formée au mécénat, je suis en veille permanente aux appels de fondations pour équilibrer nos comptes (...) Mais les structures qui n'ont pas ces compétences dans les fonctions support vont se retrouver, à un moment donné, au tribunal administratif."
Plan de sauvetage
Une autre mesure recueille l’avis majoritaire des répondants (68 %) : permettre le cumul des mesures de l’Avenant 43 et du Ségur de la santé. Pour Marie-Reine Tillon, présidente de l'UNA, il faut un plan de sauvetage pour l'ensemble de l'aide à domicile : " le réseau UNA se mobilise au quotidien pour améliorer les conditions de travail des professionnels. Les directeurs de structures multiplient les initiatives et les expérimentations. Mais faute de moyens et d’un engagement politique solide et pérenne, nous ne pouvons déployer massivement des mesures pourtant indispensables pour revaloriser l’attractivité de nos métiers et assurer un service de qualité pour tous. Si le gouvernement a bien pris des premières mesures de revalorisations salariales que nous saluons, elles sont clairement insuffisantes pour offrir de véritables perspectives aux professionnels. Malgré nos alertes, nous avons malheureusement atteint le point de rupture."
Un message qui devrait se faire entendre à l'occasion de la Journée nationale des aides à domicile, le 17 mars prochain.
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