Les financements publics aux associations baissent-t-il oui ou non ? La revue Association mode d’emploi dresse un état des lieux contrasté dans son numéro de novembre.
L’article commence par rappeler un paradoxe. D’un côté les chiffres de diverses études montrent une baisse des financements publics alloués aux associations, de l’autre l’emploi associatif augmente plus vite que l’emploi privé. La baisse des financements avait fait craindre en son temps au Collectif des associations citoyennes un « plan social associatif qui se solderait par une perte de plus de 200 000 emplois », mais finalement « quelques années plus tard, on n’a pas vu ces emplois disparaître – ou s’ils ont disparu, ils ont été remplacés par des créations d’un nombre au moins identique » ; explique la revue. Qu’en est-il alors réellement de la situation financière des associations ? Seule certitude avancée par Association mode d’emploi : cette évaluation est « un exercice périlleux, quasi-impossible ». Le seul indicateur fiable de la santé des associations, selon Viviane Tchernonog, auteur du Paysage associatif français, serait celui de l’emploi salarié, puisque le financement des postes dépend largement des fonds publics. Mais, ajoute l’article, une courbe de l’emploi qui augmente (ou qui reste stable avec +7000 emplois en 2015) n’est pas nécessairement l’expression d’une masse salariale qui augmente (impacte moindre sur la masse salariale d’un emploi à temps partiel par exemple ou encore vieillissement des salariés qui produit une augmentation de la charge salariale sans création d’ emploi). En l’occurrence, « de 1998 à 2003, on constatait une augmentation de 3,2 % de l’emploi et de 6 % de la masse salariale, puis, de 2004 à 2009, de 2 % et 4,4 %, tandis que de 2010 à 2015, les mêmes chiffres tombaient à 0,6 % et 2,2 %. Bref ce n’est pas l’euphorie. »
La démographie des associations lève pour sa part un pan du voile. Pour Viviane Tchernonog, « Il y a d’un côté des associations qui ont clairement souffert des contractions budgétaires et qui ont dû mettre la clé sous la porte ou licencier. Mais d’un autre côté il y a un mouvement soutenu d’externalisation vers les associations de services autrefois rendus par les collectivités elles-mêmes. Cela existe de plus en plus ». Pour Association mode d’emploi, « ce mouvement d’externalisation est plutôt favorable est plutôt favorable aux grosses associations de solidarité, c’est-à-dire là où les besoins en période de crise sont les plus urgents ». « Les collectivités vont plutôt tailler dans ce qui apparaît moins important (…) : la culture, l’éducation populaire, le sport, la vie locale… ». Là où on trouve majoritairement des petites structures dont la disparition ou la contraction des moyens produit un impact peu visible sur les chiffres de l’emploi. Autrement dit, certains secteurs souffrent beaucoup plus que d’autre, comme le souligne Association mode d’emploi en conclusion qui cite trois secteurs particulièrement touchés : l’hébergement – restauration – tourisme, l’aide à domicile et le secteur culturel.