Aurélie : l’inégalité scolaire au bout du fil

06/04/2020
Actualité
#Derrièrelesmasques 08 : depuis le début du confinement, Aurélie Aznar, référent famille du centre social de Grigny a démultiplié son temps de travail pour le soutien scolaire des enfants qui fréquentaient déjà les séances d’aide au devoir du centre. Un soutien pour les enfants, mais aussi pour les parents…

De deux séances de deux heures hebdomadaires d’aide aux devoirs pour une vingtaine d’enfants, Aurélie Aznar est passée à près de 8 heures par semaine depuis le confinement. Et pour seulement 8 élèves, du primaires au lycée. Elle a d’ailleurs eu besoin de renfort trouvé auprès d’un collègue animateur qui s’occupe de deux enfants supplémentaires.

Proximité

« La moitié des enfants inscrits à l’« accompagnement vie scolaire » ont souhaité avoir notre aide. Certains ont dit qu’ils se débrouillaient, d’autres, moins nombreux, n’ont jamais répondu à la sollicitation », liste Aurélie Aznar, référent famille du centre social de Grigny (69). Il y en a régulièrement des « disparitions » en cours d’année, confinement ou pas. « je garde le lien avec les parents car s’inscrire à l’accompagnement vie scolaire est conçu comme un engagement. Mais ça arrive de perdre le contact, avant de le retrouver… », constate, philosophe, la jeune femme.

Priorité au soutien scolaire

La lutte contre les inégalités scolaires n’est qu’un pan du quotidien professionnel d’Aurélie. Elle aurait dû boucler la rédaction du « projet famille », son plan stratégique en quelque sorte, fin mars. Il aurait dû aussi y avoir la mise en œuvre des projets préparés par les ados autour du sport. Tout comme la matinée famille, le 4 avril, moment fort où le centre réunit largement des familles autour des acteurs de la petite enfance. Aurélie a pris le temps de peaufiner son projet famille, mais tout le reste a été annulé ou reporté. Le soutien scolaire est apparu comme une priorité car l’isolement social est un accélérateur de rupture scolaire.

Sur-mesure

« Nous avons d’abord contacté les familles une à une pour connaître leurs besoins en terme d’accompagnement, mais aussi, de matériel informatique. » Le centre a pu prêter trois ordinateurs. « Grigny est une ville familiale. Un ordinateur servira à plusieurs enfants », précise Aurélie. Deux demandes n’ont pu encore être satisfaites malheureusement faute d’équipements suffisants. Le centre social dispose aussi de tablettes, « mais, à l’usage, on a pu voir que ça ne répond pas toujours très bien aux besoins scolaires, notamment quand il s’agit de rédiger. »

Le centre social fait aussi l’interface entre les familles et les établissements scolaires et agit comme relais d’information. Tel établissement ne distribuerait-il pas des photocopies des devoirs pour ceux qui  n’ont ni ordinateur, ni imprimante ? L’info est relayée. Un autre établissement n’a plus de contact avec une famille ? Le centre social essaie de faire le lien… Faire du sur-mesure, répondre de manière adaptée… un centre social étant acteur de son territoire, il peut se permettre de s’engager dans cette voie.

Calme et réconfort

Aurélie a fixé des rendez-vous avec chacun des enfants : on choisit l’application la plus usuelle pour établir la relation en vidéo. Whatsapp ou autre. « Nous faisons avec la pratique de l’enfant, ce n’est pas là qu’il faut chercher à créer des difficultés ». Aurélie a fait une séance avec deux collégiennes de la même classe. Cours choisi : le traitement et les modes de diffusion de l’information. « C’est sûr que c’est moins simple à gérer qu’un exercice de math. On est là pour questionner, susciter les réflexions, en tous les cas nous n’avons pas les réponses… », sourit Aurélie.

Après une première semaine de test, tous les enfants ont voulu rempiler. Enfants qui soulagent un peu leurs parents d’une aide parfois compliquée à assurer, enfants en difficulté, en classe différenciées (Segpa, Ulis), Aurélie voit autant de profils que d’enfants. Mais ils se connaissent et se pratiquent à l’année. « On leur apporte du réconfort surtout  car ils se sont retrouvés esseulés face à leurs devoirs, sans lien humain. Avec nous, ils peuvent dialoguer et d’ailleurs on ne parle pas que de devoirs durant nos séances », relate Aurélie. « Et puis cette séance c’est aussi, comme venir à l’aide au devoir. Ils y trouvent un temps de calme qui leur est consacré. »

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