Comme chaque année, Finansol et le journal La Croix s’associent pour prendre le pouls de la finance solidaire en France. Le baromètre livre cette année également le profil de ces épargnants « en voie d’apparition ».
La finance solidaire, auparavant réservée à des militants désireux de donner plus de sens à leur argent, tend à se démocratiser. C’est le principal enseignement de ce 12 e baromètre Finansol/La Croix de la finance solidaire dévoilé le 20 mai. On y apprend que l’épargne solidaire est principalement tirée par l’épargne salariale qui lui permet d’atteindre des niveaux records : 6 milliards d’euros d’encours, près d’un million d’investisseurs solidaires, 28 % d’augmentation par an… Un essor spectaculaire qui s’explique notamment par le fait que la loi oblige depuis 2010 toute entreprise à proposer au moins un fonds solidaire dans son offre d’épargne salariale (loi de modernisation de l’économie, LME).
Un impact social fort
Rappelons que ces produits financiers permettent aux entreprises de l’économie sociale et solidaire, qui n’ont pas toujours accès aux financements classiques, de financer leurs projets à forte vocation sociale. 1 milliard d’euros ont ainsi été injectés dans l’ESS en 2013. Soit le financement de 2 300 entreprises sociales, la création de 22 000 emplois, le relogement de 3 500 personnes en grande précarité ou encore l’approvisionnement en électricité renouvelable de 8 500 foyers. Ces chiffres peuvent sembler modestes mais ils ne cessent de croître. En 10 ans, la finance solidaire a ainsi soutenu plus de 100 000 entreprises sociales.
Profil des épargnants et motivations
Nouveauté de cette année : l’étude s’intéresse au profil des épargnants solidaires et à leurs motivations. Le profil type ainsi établi apparaît sous les traits d’un homme de 45 ans vivant en Ile-de-France ou en région Rhône-Alpes. Les femmes ne sont toutefois pas en reste et représentent 45 % des épargnants. Ces dernières sont également plus nombreuses que les hommes à passer directement par les banques pour ce type d’investissement.
Deux types de motivations ont été listées : pour les uns, l’investissement solidaire résulte d’une démarche proactive et engagée. Des personnes désireuses de placer leur argent dans des projets à forte utilité sociale et qui réclament de la transparence vis-à-vis de leur placement. Pour les autres, la démarche est plus occasionnelle et correspond à un désire de concilier bien-être collectif et individuel sans pour autant remettre en cause le système bancaire. Dans les deux cas, la recherche de sécurité du placement apparaît comme prédominante. Une notion importante pour Finansol, chargé de labelliser les produits d’épargne solidaire, gage de sécurité et de transparence.
De bonnes perspectives de progression
La marge de progression est conséquente. Qu’il s’agisse du développement de l’épargne solidaire au delà du premier cercle des militants, de la féminisation progressive des épargnants solidaires ou de l’augmentation du montant de l’épargne investi. A noter que ce montant augmente avec l’âge, passant de 1 543 euros pour les épargnants de moins de 30 ans à 11 051 euros pour ceux de plus de 70 ans. En ce qui concerne l’épargne solidaire salariale, la majorité des épargnants ont placé moins de 20 % de leur épargne salariale. Un chiffre qui peut donc évoluer fortement.
Enfin, l’objectif affiché par Finansol est de faire passer la part du patrimoine des investisseurs solidaire en France de 0.15% actuellement, à 1%. En un mot, résumé par Sophie des Mazery directrice de Finansol, il s’agit de « toucher les établissements financiers, les mutuelles, mais aussi des investisseurs institutionnels pour qu’ils poursuivent dans cette voie et comprennent qu’il y a un marché et qu’il faut y être ». De fortes interrogations persistent cependant vis-à-vis de la loi ESS actuellement en cours d’instruction qui complexifie les modalités d’accession à l’agrément solidaire et qui, selon Finansol, pourrait ainsi freiner le développement de la finance solidaire.