Conditions de travail en Europe : des améliorations contrastées

18/02/2016
Actualité
Tous les cinq ans depuis 1991, la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail (Eurofound) publie son enquête européenne sur les conditions de travail. Les premiers résultats de la 6ème édition font globalement état de plusieurs évolutions positives… mais ces tendances varient largement selon les groupes de travailleur-euse-s considérés.

Agence européenne tripartite fondée en 1975 et basée à Dublin, Eurofound contribue par ses enquêtes à l’analyse et l’évaluation des grandes tendances à la base de recommandations pour améliorer les politiques sociales communautaires et la qualité de vie des européen-ne-s. Alors qu’en 1991, l’étude couvrait 12 États seulement, ce sont 43 000 travailleurs dans 35 pays européens (les 28 États membres de l’UE, l’Albanie, l’ancienne République yougoslave de Macédoine, le Monténégro, la Norvège, la Serbie, la Suisse et la Turquie) qui été interrogés en 2015 pour la réalisation de cette 6ème enquête.

Une amélioration de la qualité des emplois

Ressortent de ce travail de terrain faramineux plusieurs évolutions positives : les expositions à des mouvements répétitifs, à une mauvaise posture, à un fort niveau sonore ou à des vibrations ont diminuées. La grande majorité des travailleurs (9 sur 10) se dit, par ailleurs, bien informée quant aux risques pour la santé et la sécurité liés à l’exécution de leur travail. En matière d’ambiance au travail, les tendances sont également positives : 71% des travailleurs se déclarent soutenus par leurs collègues et 58% par leur supérieur hiérarchique. Depuis 2005, les salariés connaissent, en outre, une légère augmentation de leur autonomie au travail.

De nouveaux risques révélateurs des mutations économiques

Aux côtés de ces améliorations, Eurofound met cependant en avant des évolutions plus préoccupantes : le niveau d’exposition aux produits chimiques et matériaux infectieux a ainsi constamment augmenté depuis 2005, de même que le niveau de risques liés au fait de soulever ou déplacer des personnes. Les risques psychosociaux sont également de plus en plus répandus comme en atteste la proportion importante de travailleurs confrontés à un très haut niveau d’exigence dans leur travail : 36% des répondants déclarent ainsi travailler dans des délais très courts et 33% à une cadence élevée.

Analysées à la lumière des mutations de nos économies européennes, ces tendances n’ont rien de surprenant : de moins en moins de salariés européens sont embauchés dans l’industrie. Ils sont par contre de plus en plus nombreux dans le secteur des services, notamment du fait du vieillissement de la population . Ainsi, la moindre exposition aux risques professionnels classiques ne traduit pas tant une baisse du niveau de ces risques qu’une diminution du nombre de travailleurs qui y sont exposés.

Des différences entre les âges et entre les genres encore marquées

Étant donné la ségrégation horizontale et verticale qui caractérise encore largement le marché du travail européen, il n’est pas étonnant de constater des différences majeures de conditions de travail selon l’âge et le genre du groupe de travailleurs considéré. Ainsi, en plus d’une insécurité de l’emploi, les jeunes connaissent un travail plus intense et font face à des comportements sociaux souvent plus hostiles (violence verbale, menaces, humiliations…) que leurs aînés. Les travailleurs de plus de 50 ans signalent quant à eux avoir moins de possibilité de formations et d’évolution de carrière.

Les différences entre les femmes et les hommes demeurent également importantes : si les hommes travaillent un nombre d’heures rémunérées plus important – en moyenne, 39 heures hebdomadaires contre 33 pour les femmes – le nombre total d’heures de travail (travail rémunéré, temps de déplacement et travail non-rémunéré) est plus élevé pour les femmes (64h) que pour les hommes (56h).

Et l’économie sociale dans tout cela ?

Si l’enquête ne propose pas de focus selon le type d’entreprises, plusieurs conclusions, notamment issues de la comparaison sectorielle, s’avèrent pertinentes pour les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Eurofound confirme ainsi que l’implication des salariés – particulièrement fréquente dans le secteur des services – améliore les performances et la qualité de vie au travail. Un gage que les entreprises sociales ont donc tout intérêt à conserver !

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