Crise, fusions : comment préserver la QVT ?

25/03/2014
Actualité

La qualité de vie au travail en temps de crise était au coeur des débats des deux tables rondes de la journée de restitution des résultats du baromètre sur la qualité de vie au travail dans l’ESS initié par CHORUM. Des syndicalistes, des représentants d’employeurs, des experts se sont penchés sur le sujet et ont cherché à dégager des pistes pour maintenir l’exigence de bonnes condtions de travail et accompagner ceux et celles qui vivent des restructrations.

Comment faire vivre la qualité de vie au travail dans l’ESS en période de crise ?

Tous les intervenants ont fait le même constat

La situation est plus que délicate, les financements diminuent et le travail s’effectue dans un environnement contraint. Ainsi, Hugues Vidor, directeur général d’Adessadomicile et vice président de l’Union des employeurs de l’économie sociale (UDES) a rappelé que les modes de prise en charge des conseils généraux n’avaient pas changé depuis longtemps alors que parallèlement on assistait « à une paupérisation des publics dont les besoins sont en augmentation ». Dans ce contexte, l’aide à domicile a dû se séparer de 8 500 salariés en 2011… et 1000 en 2013, des éléments qui ne sont pas sans impacts sur la gouvernance et les salaires du secteur.

Associer salaires à qualité de vie au travail, ce fut aussi le cas avec Jean Claude Minisini de la Fédération de la santé et l’action sociale CGT, qui a souligné que cette question était une composante essentielle de la qualité de vie au travail. « On demande aux travailleurs sociaux de s’occuper de personnes pauvres en précarité, alors qu’ils sont eux-mêmes en situation difficile ». D’une manière générale, la situation [des conditions de travail] a empiré dans le secteur, « mais dans les petites structures la qualité de vie au travail est meilleure que dans les grandes ».

Dans la foulée, Jérôme Morin, membre du Bureau fédéral F3C, CFDT a évoqué : les contrats courts, la diminution des subventions, des salariés vieillissants…, tout en observant que le secteur faisait de plus en plus appel à des techniciens, une des raisons de l’éloignement des salariés du tissu associatif.

Emmanuelle Paradis, chef de projet prévention santé au travail à CHORUM établit le même diagnostic que les autres intervenants, mais des pistes existent pour « dégager des marges de progrès ».

Des pistes pour avancer

Parmi les réponses des intervenants, on notera que Hugues Vidor a signalé l’existence de deux groupes de travail au sein de l’Union des employeurs de l’économie sociale (UDES) : le premier porte sur la qualité de vie au travail autour des thèmes, les bénévoles, la non discrimination, et l’insertion des jeunes ; le deuxième sur le dialogue social.

Jérome Morin a indiqué que compte tenu du contexte, il fallait réfléchir à de nouvelles formes de dialogue social qui soient innovantes, tout comme dans les métiers.

Emmanuelle Paradis a précisé que CHORUM avait mis en place des groupes de travail avec des salariés d’associations qui se trouvaient dans des situations très différentes et qu’il avait été possible ainsi d’améliorer des situations.

Comment accompagner socialement les regroupements et fusions au sein de l’ESS pour préserver la qualité de vie au travail ?

Chantal Sautreuil, secrétaire fédérale chargée de la branche Mutualité, fédération des employés et des cadres FO a cité l’exemple de la fusion de deux mutuelles. La mutualité a mis en place un accompagnement et un protocole d’accord avait été signé entre les deux structures. Ce qui n’a pas empêché certains salariés de partir. Ce fut « une expérience mitigée », relate, la syndicaliste qui estime qu’il y a un besoin d’écoute à tous les niveaux de la hiérarchie et cela de manière permanente.

Valérie Defauquet, responsable de l’Observatoire de l’emploi et des métiers de la Mutualité 
a rappelé le contexte de restructurations en cours avec une population salariée âgée et peu qualifiée. Pour toutes ces raisons, il faut être très attentif et méthodologique. Il existe, a-t-elle précisé un guide méthodologique sur comment mener une fusion qui permet d’analyser et de mieux faire face à l’impact des fusions sur les ressources humaines.

Pierre-Yves Montéléon, membre du conseil fédéral, Fédération CFTC Santé et Sociaux, 
souhaite que « dans le cadre de l’amélioration de la qualité de vie au travail, l’on fasse davantage appel aux services de santé au travail ».

Marine Boyer, chef de projet emploi et RH à CHORUM, en relatant son travail auprès d’associations en fusion, a souligné l’importance d’arriver à travailler ensemble sur une identité commune des deux structures au risque sinon de laisser s’installer une forme de « suprématie » de l’une sur l’autre.

Julien Pelletier, responsable prospective et international à l’ANACT a renchéri dans la même veine que sa prédécesseure, en indiquant qu’il fallait sécuriser, « tout en gardant de la souplesse à la nouvelle identité fusionnée ».

Pour aller plus loin

Les principaux enseignements du baromètre : Cliquez ici

Retour sur la journée de restitution : Cliquez ici

Interview de Benoît Hamon, ministre délégué, chargé de l’économie sociale et solidaire et de la consommation : Cliquez ici

Interview de Brigitte Lesot, directrice générale de la Mutuelle CHORUM : Cliquez ici

Interview de François Desriaux, rédacteur en chef de Santé & Travail : Cliquez ici

Toutes les ressources sur la qualité de vie au travail dans l’ESS : Cliquez ici

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