Derrière l’élan des de générosité pour Notre-Dame, des dons en baisse en 2018

24/04/2019
Actualité
Le Baromètre de la générosité publié une semaine avant l’incendie de Notre-Dame de Paris, affiche une baisse inédite des dons en 2018. Un bilan qui contraste avec l’actualité. Analyses des freins et perspectives de solutions.

Généreux et solidaire ou pas les français ? Assurément oui. Mais l’élan national suscité par l’incendie du monument parisien a recouvert une autre actualité, plus complexe… Si les donateurs sont toujours aussi nombreux et fidèles, le montant de leurs dons diminuent. C’est un fait, annoncé dès l’été 2018 et confirmé par les chiffres publiés, une semaine avant le drame, par France générosité, syndicat professionnel des associations et fondations faisant appel aux générosités.
Et la baisse des dons est inédite. Après des années de hausse (+ 9% entre 2013 et 2017), le baromètre de la générosité affiche une baisse des dons en volume de 4,2 % en un an. Il s’agit d’une tendance donnée par les chiffres consolidés de 22 membres de France générosités qui cumulent à eux seul environ la moitié des dons collectés de la centaine de membres. Un sondage, réalisé en août 2018, avait déjà anticipé cette baisse en révélant que les donateurs avaient ou prévoyaient de réduire le montant de leurs dons.

IFI, CSG et prélèvement à la source…

La réforme de la fiscalité du don est l’un des principaux facteurs d’explication de la baisse des dons. Les dons reçus des contribuables imposés au titre de l’impôt sur la fortune sont en baisse de 54% de par rapport à 2017. Entre temps, l’Impôt sur la fortune est devenu l’impôt sur la fortune immobilière et leur déductibilité fiscale a disparu. Cela représente une perte estimée entre 130 à 150 millions d’euros.
La hausse de la CSG aurait provoqué, elle aussi, une baisse des dons issus des donateurs fidèles des associations et fondations que sont les retraités. Selon le sondage de l’été 2018, 18 % des donateurs retraités avaient déjà réduit le montant de leurs dons pour des raisons financières liées la hausse de la CSG.
une autre raison plus conjoncturelle doit être évoquée, même si son impact est moins mesurable : la réforme du prélèvement à la source a pu refroidir certains donateurs. En effet, l’idée que 2018 sera une année fiscalement blanche a pu laisser entendre que tout don réalisé ne bénéficierait pas de la déductibilité de 66 % de son impôt.

Fidélité des donateurs malgré les difficultés financières

La baisse des dons ne correspond pas, toutefois à une défection des donateurs. Les donateurs réguliers assurent encore 94% de dons de l’année, dont 41% au dernier trimestre 2018, ce qui a permis de rattraper, en partie, le premier semestre particulièrement difficile (- 6.5 %). Autrement dit, les français donnent moins, mais continuent à donner…

Stabiliser l’environnement fiscal

L’amélioration du pouvoir d’achat apparaît comme le meilleur moyen d’inverser la tendance car, de fait, ils sont prêts à donner à la mesure de leurs moyens. Sur le champ de la fiscalité, le rétablissement d’un avantage équivalent à la déduction fiscale accordée aux redevables de l’ex ISF pourrait stimuler les collectes de dons. Autre piste : le Gouvernement a décidé de majorer à 70 % le taux de déductibilité des dons faits pour la restauration de Notre-Dame. Une majoration limitée aux premiers 1000 euros. Au-delà, c’est le taux de 66% qui s’applique tel que prévu par l’amendement Coluche (du nom du fondateur des Restos du coeur qui avait milité pour ce dispositif). Du côté de France Générosités, on planche sur plusieurs pistes qui seront soumises à l’automne au gouvernement et aux parlementaires en prévision du débat sur la prochaine loi de finance.

Nouvelle génération, nouvelles générosités

Notre façon de donner devrait aussi évoluer. Car si les retraités font parti des donateurs les plus fidèles et donc choyés par les associations, 67 % des 18-35 ans déclarent avoir déjà fait un don à une association ou une fondation. Globalement, 49 % des dons reçus par les membres de France générosités sont effectués via un prélèvement automatique. Et toutes les grandes organisations financées par la générosités du public permettent le don en ligne sur leur site (9 % des dons). La bascule vers des moyens de paiement dématérialisée est donc nettement enclenchée.
Et de nouvelles solutions apparaissent pour ouvrir de nouvelles voies à la générosité. L’arrondi sur le ticket de caisse ou sur le salaire (permettre de faire don  de l’arrondi à l’euro supérieur au consommateur ou au salarié) se développe, même si les montants restent anecdotiques : 11 millions d’euros récoltés en caisse en dix ans dont 2,2 millions en 2018.

Le crowdfunding démultiplie aussi les sollicitations aux citoyens en orientant les dons vers des projets, plus que vers des organisations. Le don par SMS facilite aussi l’acte du don. Toutes ces solutions créent des opportunités de faire émerger des nouveaux donateurs, tout comme le don gratuit dont le principe est d’inciter un internaute à regarder une publicité ou cliquer sur un lien pour déclencher un don de quelques centimes par le commanditaire.

Garder le contact

Mais s’il faut augmenter les montants, les associations et fondations sont tout aussi préoccupées de fidéliser leurs donateurs. La stabilité de leurs ressources est tout aussi importante que leur expansion afin de garantir un financement pérenne de leurs actions au long cours. Or les nouvelles formes de dons gratuits ou par SMS ne créent pas de lien direct entre l’organisation et le donateur. « Les associations ne savent pas encore qui est le donateur derrière le SMS », explique Nolwenn Poupon, chargée des études à France générosité. Le don affecté (on donne pour un projet) a aussi ses défauts pour les associations. Certains projets attirerons plus de dons que nécessaire, quand d’autres, tout aussi utiles mais moins spectaculaires, resterons sous financés. Or, une association ne peut transférer un « trop plein » de dons vers d’autres actions qu’avec l’accord de chaque donateur…
L’arrondi solidaire sur salaire semble une solution plus intéressante de ce point de vue puisqu’il rend le don régulier. Entre 2017 et 2018, il a permis de collecter 578 090 €. Une gouttelette quand on évalue à 2 milliards les dons réalisés chaque année par les particuliers en France.

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