Emilie : je n’ai pas ressenti la peur de travailler

06/05/2020
Actualité
#Derrièrelesmasques 14 : A la Villa des Dunes, une Maison d’accueil spécialisé de la Fondation Hopale, les équipes sont constamment intégrées aux processus de décision. Émilie Wattrelot, aide-soignante, raconte l’attention portée aux résidents, la mise en place des protocoles de confinement et l’importance d’un management participatif pour assurer la sérénité du travail.

Après cinq semaines de confinement, le tableau des cas de Covid-19 restait vierge à la Villa des Dunes. Dans cette Maison d’accueil spécialisée de la Fondation Hopale, 45 personnes cérébro-lésées résident à l’année. « Je n’ai pas ressenti la peur de venir travailler car tout a été mis en place dès le début. Les protocoles de soin, les gestes barrières, les masques, les blouses… » raconte Emilie Wattrelot, aide-soignante depuis 10 ans.

Anticipation

Dès le déclenchement du Plan bleu (document équivalent au Plan blanc d’un hôpital qui anticipe les conditions de l’activité en cas d’incident grave, type, épidémie, menace terroriste…), le 6 mars, des règles de confinements équivalentes à ce qui aura cours une semaine plus tard dans toute la France, ont été mises en place dans l’établissement. Installation d’une unité Covid-19 pour les résidents suspectés d’être infectés, réorganisation des équipes par secteur pour limiter les interactions, formation et entraînements de tous aux procédures spécifiques et, bien sûr, confinement des résidents dans les chambres. « Les premiers jours, nous avions la pression, j’ai dû être un peu plus directive que d’habitude, explique Sylvie Jourdain, la directrice de la MAS. Mais tout le monde était concerné et la participation de tous à la rédaction des procédures fait qu’il y a une adhésion de tous aux décisions. »

Concertation

« Nous devions anticiper les réactions des résidents qui sont habitués à vivre en communauté, à faire des activités, des sorties collectives ou individuelles, à prendre des repas en petit groupe. Nous craignions des réactions de colère, de tristesse, de peur », raconte Émilie. Nous avons très rapidement eu une réunion d’équipe avec la direction, nous avons testé plusieurs solutions et tout s’est stabilisé. » Mais au fil des semaines la souffrance de l’isolement se fait sentir côté résidents, tout comme côté familles. Une semaine avant que le ministre de la Santé ne l’autorise, la direction de la Fondation évoque l’opportunité de réfléchir à un protocole de visite sécurisé…

Charte du visiteur

« Je ne l’aurais jamais imposé aux équipes », souligne Patrice Gendre, qui dirige le Pôle médico-social de la fond ation. « La procédure a été écrite en équipe. La direction a soumis les principes de la visite, nous avons réfléchi aux solutions pour respecter toutes les règles », raconte Émilie. Résultat : une charte signée par la famille, un parcours des proches sans intrusion dans le bâtiment et une rencontre qui se déroule depuis la fenêtre d’une pièce dédiée au rez-de-chaussée, dans l’intimité. « Ils ne peuvent pas se toucher malheureusement, c’est frustrant car prendre la main permet de transmettre beaucoup de choses », souligne l’aide-soignante « Nous avons commencé avec une visite par jours car il fallait pouvoir gérer l’après-visite avec le résident, au cas où. »

Sérénité pour soi, attention pour les autres

Après ces cinq semaines qui n’ont pas entravé le management participatif habituel de la MAS, Émilie affiche une belle sérénité : « je ne ressens pas un poids personnellement. Je pense surtout aux résidents. Même si je suis confinée, je viens travailler le jour et je rendre chez moi le soir. Eux ne sortent toujours pas… »

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