« Enrichir les parcours peut contribuer à limiter l’usure professionnelle »

29/03/2018
Actualité

La qualité de vie au travail sera au cœur du chantier sur la facilitation des parcours professionnels et l’attractivité des métiers. Explication avec Manuella Pinto, directrice des relations sociales de l’Una, et Dorothée Bedok, directrice du pôle relations sociales de Nexem.

Quels sont les objectifs de ce groupe de travail ?

Manuella Pinto (Una) : Le premier chantier est de travailler sur la facilitation des parcours professionnels entre les structures de nos deux organisations. Ce qui comprend la question des métiers, mais aussi du temps de travail et des complémentarités que nous pouvons trouver sur les territoires.
Deuxième chantier : la valorisation et l’attractivité des métiers tant par la communication, qu’au travers de la qualité de vie au travail. C’est essentiel, car le taux de sinistralité (accidents du travail, maladie professionnelle) est fort et loin de s’améliorer malheureusement, malgré les actions mises en place.
Enfin, nous souhaitons aussi engager un travail sur la professionnalisation de l’encadrement intermédiaire.

Dorothée Bedok (Nexem) : L’axe sur la fluidité des parcours professionnels est le plus naturel. Nous partageons un certain nombre de métiers en commun, assistant social, infirmier, assistante de vie sociale, psychologue, Aide médico psychologique… Et ces métiers constituent des populations importantes dans les deux environnements.

 

Comment allez-vous procéder ?

DB : Cela passe par un comparatif de nos environnements conventionnels respectifs afin d’essayer, dans nos négociations à venir, de traiter ces métiers de façon équivalente.

MP : La première étape est d’échanger sur la définition de l’emploi afin que les salariés s’y retrouvent puisque l’objectif final est de favoriser les passerelles et la mobilité.

 

Dans les faits, un salarié de l’aide à domicile peut déjà évoluer vers le soin en établissement…

MP : Oui. Avec plus de 75 % des salariés de l’aide à domicile évoluant à temps partiel, nombreux sont ceux qui ont plusieurs employeurs dont des établissements du social et médico-social. L’un des objectifs du groupe de travail est d’élaborer, directement sur les territoires et donc avec les structures, les modalités d’une meilleure complémentarité de temps de travail afin de permettre les salariés à temps partiel à atteindre un temps plein.

 

Dans quelle mesure votre travail peut-il contribuer à une amélioration de la qualité de vie au travail ?

DB : le fait d’enrichir les parcours peut contribuer à limiter l’usure professionnelle qui touche certains de nos métiers. Le phénomène touche l’ensemble des branches, mais il y a des records dont on se passerait bien… Nous constatons des taux d’absentéisme et d’inaptitude élevés. La réalité est aussi que nos secteurs sont en profonde mutation. Le contexte budgétaire fait que les niveaux de rémunérations ne progressent plus comme à une autre époque, ce qui ne facilite pas l’attractivité des métiers et la capacité des salariés à se projeter dans une carrière professionnelle.
Nous avons aussi des défis très forts à relever en matière de professionnalisation pour faire face à ces chiffres de la santé au travail. A cela s’ajoute, le phénomène des regroupements de structures et d’augmentation en taille des établissements. Ces regroupements vont s’intensifier et certaines structures pourraient connaître des regroupements successifs sur plusieurs années. D’où l’enjeu qui s’impose de travailler sur la professionnalisation de notre encadrement intermédiaire.
C’est aussi un enjeu pour faire face à la concurrence du secteur lucratif qui est un autre volet de la mutation de notre secteur.

 

L’Una et Nexem peuvent-elles valoriser des atouts du secteur non lucratif face à la concurrence du privé lucratif ?

MP : Una et Nexem sont adhérents de L’Union des employeurs de l’économie sociale (Udes) ce qui facilite grandement la cohérence des messages sur ce sujet-là. C’est un marqueur très fort dans nos organisations et nous aurons à le mettre plus en avant. Face aux campagnes de communications du secteur lucratif, il est aujourd’hui parfois difficile d’identifier notre singularité…

DB : C’est aussi un marqueur pour nos salariés… Même parmi les plus jeunes, les enquêtes montrent qu’il y a une recherche de sens dans le travail. C’est donc un facteur différenciant. Nous menons déjà des actions chacun dans nos champs respectifs. Mais il est intéressant d’avoir une communication qui dépasse strictement le cadre de la branche pour une meilleure compréhension de nos enjeux, une meilleure connaissance de nos métiers et donc une meilleure valorisation.

 

Quelles seront les modalités de fonctionnement du groupe de travail ?

DB : Nous avons eu nos premières réunions entre techniciens et nous sommes en train de finaliser la composition de ces groupes qui intègreront bien sûr des employeurs adhérents de nos organisations.

 

Et en termes d’échéance que pouvez-vous nous dire ?

DB : Nous souhaitons présenter les premiers travaux sur la question des parcours d’ici l’été. C’est rapide, mais cela correspondrait à l’entrée en négociation sur la convention collective de la branche sanitaire, et sanitaire à but non lucratif (BASS). La situation est assez complexe puisque c’est une branche qui n’a pas encore de texte sur la classification. Nous partons donc d’une page blanche.

MP : En ce qui concerne la négociation collective, l’Una n’est pas la seule organisation employeur de la branche de l’aide à domicile. Nous avons la volonté d’aller vite avec nos partenaires de l’Union Syndicale de la Branche Domicile (Una, Admr, Adessadomicile, Fnaap-CSF) dans les négociations sur les emplois et classifications. Nous ne partons pas d’une feuille blanche, puisque nous avons une convention collective unique, mais nous travaillons avec l’USB Domicile et les organisations syndicales pour faire évoluer notre système de classification qui date de 2003. Les discussions sont lancées et nous voudrions aboutir rapidement notamment pour revaloriser les salaires qui en ont vraiment besoin dans notre branche. Mais à ce stade, il est difficile de s’avancer sur le terme de cette négociation.

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