La formation des jeunes en emplois d’avenir et des salariés en insertion est en panne. Que se passe-t-il depuis le début de l’année 2015 pour que les budgets formation soient divisés par deux ou quasi absents, alors que la nouvelle loi sur la formation professionnelle a renforcé l’accès des demandeurs d’emploi à la formation ?
Le manque de moyens pour former les jeunes en emplois d’avenir et des salariés en insertion est patent.
Sébastien Darrigrand, secrétaire général de l’UDES s’en inquiète et explique : « Le montant de la dotation de l’Etat pour la formation professionnelle a été divisé par deux, tout comme l’argent du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) ». En 2015, Seulement 10 millions d’euros seront consacrés aux parcours professionnels des jeunes, soit la moitié de l’année dernière. Sans oublier qu’en 2013, il y avait eu un appel à projets du FPSPP qui a fortement contribué au démarrage de la formation du programme emplois d’avenir.
Risque de précarité à l’horizon
Le coût des formations d’un jeune est de 5 500 euros et la prise en charge aujourd’hui de l’Etat et du FPSPP aujourd’hui s’élève à 1 500 euros. « Comment peut-on faire ? », s’alarme le secrétaire général de l’Union, qui demande que les employeurs de l’ESS et leurs OPCA soient soutenus pour assurer la formation du dispositif. Or le gouvernement dans la loi de Finances 2015 a programmé 50 000 emplois d’avenir supplémentaires. Sans formation, « les emplois d’avenir seront sources de précarité ». Ce qui vient contredire l’objectif affiché du programme !
Le temps d’adaptation à la loi
Le constat est à peu près similaire de la part du comité national de liaison des régies de quartier (CNLRQ) pour les salariés en insertion, embauchés en contrats à durée déterminée d’insertion (CDDI). « Depuis le début de l’année 2015, les formations sont en diminution, « elles sont plus que divisées par deux », relève Jenny Ekls, chargée de mission formation au CNLRQ.
Les raisons sont diverses : « Il y a d’abord eu le temps d’adaptation à la loi, dont les décrets ont été publiés tardivement. En plus, c’est une loi de grande ampleur, qui passe à une logique de branche et qui réduit la contribution légale à la formation à 1 % » (auparavant elle s’élevait à 1, 6 %. NDLR).
Un périmètre réduit
Avec cette contribution, qui était interbranches, les fonds étaient mutualisés et les régies de quartier disposaient de sommes plus importantes qui pouvaient financer, notamment des formations pré-qualifiantes, celles qui sont le plus communément dispensées dans ce secteur. « Notre savoir faire, observe Jenny Ekls, c’est justement d’accompagner les personnes en insertion qui suivent des cursus de base ».
Double problème donc avec la mise en oeuvre de la nouvelle loi et le nouveau périmètre intra-branches, auxquels s’ajoutent la création du compte personnel de formation (CPF). Inscrit dans la loi, qui s’avère être d’une « grande complexité pour y être éligible, indique la chargée de mission formation du CNLRQ et le décret, paru en avril dernier, offre un cadre assez rigide ».
Former les chômeurs
Il est vrai que le FPSPP doit actuellement faire face à beaucoup de priorités, dont le financement des cursus de formation des demandeurs d’emploi, ces derniers étant de plus en plus nombreux. C’est très probablement aussi une des raisons, qui explique la panne de formation des jeunes en emplois d’avenir et des personnes en insertion .
Le Conseil national de l’insertion par l’activité économique (CNIAE) demande que le FPSPP prévoie un fléchage pour les salariés oubliés en insertion. Une réunion avec les pouvoirs publics doit avoir lieu à la fin du mois de juin. L’UDES souhaite de toute urgence que les fonds soient maintenus à la hauteur de 2014.