Le retour à un niveau d’activité normal ne se fera pas avant le mois de septembre pour un grand nombre d’associations, selon la seconde enquête du Mouvement associatif et du Réseau national des maisons des associations dont nous révélons les résultats. Cette seconde édition administrée par Recherches & Solidarités a recueilli 13500 réponses.
Un mois après la sortie du confinement, comment vont les associations ? A l’initiative du Mouvement associatif et du Réseau national des maisons des associations (RNMA), Recherches & Solidarités a conduit une seconde enquête auprès des dirigeants d’association. La première réalisée dans les deux premières semaines du confinement avait révélé l’ampleur du coup de frein associatif (20 000 répondants). 77 % des associations affirmaient avoir interrompu leur activité. La deuxième salve a suscité 13500 réponses entre le 14 mai et le 15 juin. Les résultats s’attardent sur l’impact économique de la crise sanitaire et les besoins à venir des associations.
Deux tiers des associations à l’arrêt
Une confirmation dans un océan d’incertitude, l’impact du confinement a été divers mais massif. D’un côté, 68 % des associations n’ont pu conserver qu’une activité résiduelle (moins de 20 %) voire aucune activité. Les plus touchées sont les petites associations culturelles, sportives (9/10 d’associations à l’arrêt) ou encore l’éducation populaire et l’animation. De l’autre côté, le secteur médico-social et l’aide à domicile, la solidarité (hébergement d’urgence, aide alimentaire) constituées en majorité de grosses associations employeuses ont eu à faire face à un surcroît d’activité pour absorber l’impact sanitaire et social de la crise.
L’impact économique pour les associations à l’arrêt est triple : une baisse des revenus d’activité accrue du fait de la période (le printemps est riche en événements qui alimentent les caisses d’associations locales), des dépenses engagées inutilement du fait de l’annulation des activités et une baisse des cotisations. « C’est le modèle économique de ces associations qui a été fragilisé », résume Sylvain Rigaud, chargé de mission du Réseau national des maisons des associations (RNMA).
Menace sur l’emploi
En ce qui concerne l’avenir, l’incertitude domine. Une association sur cinq ne sait quand elle pourra relancer son activité. Tandis que 58 % d’entre elles n’envisagent pas une reprise avant le mois de septembre. Résultat, le recours au chômage partiel reste massif un mois après la sortie du confinement (2/3 des associations). Pire, quatre dirigeants sur dix redoutent d’avoir à prolonger le dispositif plusieurs mois alors que les mesures gouvernementales poussent à en sortir.
Au deuxième rang des perspectives les plus sombres, un dirigeant sur trois craint de ne pouvoir maintenir l’effectif salarié en l’état. « ce chiffre est inquiétant et nécessite d’alerter la ministre du Travail afin de préserver le chômage partiel. Nous allons aussi nous rapprocher des syndicats d’employeurs », relève Lucie Suchet, chargée de plaidoyer au Mouvement associatif.
Quels besoins pour avancer ?
La reprise d’activité préoccupe les associations sur trois plans. La première est de disposer de suffisamment d’équipements de protection pour ses salariés. « Cette préoccupation était réelle au début de la seconde enquête, mais on peut supposer qu’elle se résorbe avec le temps », estime Lucie Suchet. La levée des incertitudes est en cours, aussi, sur la disponibilité des financements attendus en 2020. La confirmation de la circulaire gouvernementale du 6 mai a, en tout cas, levé les doutes au niveau national.
Toutefois l’appel à bénéficier d’une aide exceptionnelle est partagée par une association sur trois. « Cela confirme la nécessité de mettre en place un fonds d’urgence », estime Lucie Suchet. Le Mouvement associatif demande en effet un dispositif large d’aide aux associations, adossé au Fond de développement de la vie associative (FDVA) dont les crédits sont votés dans la loi de finance. Le Mouvement associatif évalue les besoins à 300 millions d’euros. La tête de réseau pousse, par ailleurs, pour une exonération de la taxe sur les salaires pour 2020.
Des collectivités locales attendues
« Nous pourrons sortir des déclinaisons régionales de cette enquête pour tous les territoires », souligne Cécile Bazin de Recherches & Solidarités. Cela devrait être chose faite d’ici une dizaine de jours. « Les Mouvements associatifs régionaux vont disposer de repères pour lancer les échanges sur les territoires », complète-t-elle. Les associations attendent beaucoup, en effet, des collectivités. 46 % des associations employeuses auront recours à une aide d’urgence, à commencer par les délais de paiement des charges et le recours au fonds de solidarité. Mais les dispositifs d’Etat sont apparus souvent peu adaptés pour bon nombre d’organisations.
66 % des associations envisagent ou ont sollicité leur conseil départemental, à peine moins (58 %) se tournent vers les Régions et une association sur deux attend les dispositifs d’aide des intercommunalités. « Disposer de locaux adaptés est une grosse préoccupation », note Sylvain Rigaud du RNMA, « la plupart des Maisons ont rouvert, mais dans un contexte dégradé. Ensuite vient la question des équipements de protections. Une priorité qui témoigne de la grande responsabilité des associations. » Le taux de recours au télétravail (55 % des associations) reste stable dans cette enquête par rapport à la période de confinement.
A quand l’enquête Covid-3 ?
Les deux premières enquêtes Covid ont été marquées du sceau de la réactivité. Rien n’est encore décidé pour une troisième enquête, mais l’échéance la plus certaine semble nous emmener au premier trimestre 2021. Il sera alors possible de mesurer plus finement l’impact économique de cette crise sur les associations. Le budget de l’Etat, ceux des collectivités seront votés et les associations sauront, alors, si la relance de la vie associative fait partie des priorités des pouvoirs publics.