Le Réseau national des Maisons des associations lance une campagne pour la création d’observatoires locaux de la vie associative. Deux objectifs : combler le vide statistique sur les réalités associatives des territoires et faciliter le dialogue avec les pouvoirs publics sur les politiques de soutien à promouvoir.
C’est à un paradoxe que tente de remédier le Réseau national des maisons des associations (RNMA) en cette rentrée. Si la photographie grand-angle du paysage associatif français a gagné en précision depuis une vingtaine d’années (Le Paysage associatif, Recherches&Solidarité…), les zooms locaux sont beaucoup plus rares.
Or les « enquêtes nationales, même avec des milliers de répondants, ne permettent pas d’isoler des échantillons locaux suffisants », précise Sylvain Rigaud, chargé de mission du RNMA. La raquette est donc criblée de trous qui pèse d’autant plus que les politiques publiques en faveur des associations se jouent, d’abord, à l’échelle des municipalités et des agglomérations. « Un observatoire c’est un terrain neutre, des éléments factuels et tangibles qui permet de créer du commun entre acteurs et collectivités. C’est donc un point d’appui pour installer ou approfondir le dialogue avec les pouvoirs publics », explique Thomas Lauwers, administrateur du RNMA et référent sur les Observatoires locaux.
Vision synchronisée
Le timing du RNMA pour lancer son opération séduction sur les Observatoires locaux est bien réfléchit. 2020 a marqué le renouvellement des exécutifs locaux. Un nouveau mandat de six ans s’ouvre que le capitaine et l’équipage aient changé ou non. C’est donc le moment de poser les bases d’un dialogue constructif entre les associations et les élus. Depuis le printemps, une vingtaine de territoires se sont manifestés (la moitié à l’initiative des associations, l’autre à l’initiative des collectivités) pour être accompagnés sur la mise en œuvre de cet observatoire local et l’appel à candidature n’est pas clos. « Nous souhaitons conduire des études locales synchronisées sur un certain nombre de territoires homogènes en terme de taille et de type d’agglomération », explique Thomas Lauwers. Cela permettrait d’ajouter à la connaissance locale fine, l’opportunité de comparer plusieurs territoires pour en tirer des enseignements.
Cohérence statistique
La dynamique des observatoires locaux est née en 2006 au sein du RNMA. le réseau s’est appuyé sur la méthodologie de Viviane Tchernonog, chercheuse au CNRS et coordinatrice du Paysage associatif français, pour construire ses enquêtes localisées. Une quinzaine d’Observatoires locaux ont été déployés dont la moitié se sont impliqué sur le long terme dans un groupe de pilotage de ce projet. Cette campagne 2020 va bénéficier de quelques innovations. A commencer par la centralisation du traitement statistique de l’enquête au sein même du RNMA pour garantir une homogénéité des résultats.
Animation territoriale
L’accompagnement des territoires pourra varier en fonction de leur expérience. Du plus complet pour un territoire dont c’est la première expérience d’observation locale à celui qui n’aura besoin que du traitement statistique de ses données. Le RNMA insiste notamment sur la formation à l’animation de l’observatoire qui reste, quoiqu’il en soit, à la main des acteurs locaux : « créer une dynamique n’est pas aisée. Il est normal que certains secteurs associatifs soient totalement déconnectés des autres. Il faut commencer par lever les méfiances potentielles pour embarquer un maximum d’associations », concède Thomas Lauwers.
Qui paye quoi ?
En fonction du type d’accompagnement, un observatoire local de la vie associative coûte entre 2000 et 8000 euros. Les campagnes d’enquête seront menées entre février et juin 2021. « Certaines collectivités ne sont pas encore convaincus que la vie associative revêt un enjeu majeur. L’observatoire peut constituer un premier pas pour la recentrer à son juste niveau », estime Thomas Lauwers.