L’organisation du travail et ses effets sur les salariés peut-elle relever seulement de considérations scientifiques, un tribunal peut-il juger de la souffrance au travail uniquement sur cette base ? Autant de questions traitées dans un article de Miroir social du 19 novembre relayé ci-après.
Les chercheurs internationaux spécialistes de la santé mentale, réunis les 10 et 11 octobre 2013 par l’équipe « psychanalyse-santé-travail » du CNAM, sont tombés d’accord pour dire qu’un tribunal ne pouvait pas juger des effets de l’organisation du travail sur les salariés sur la seule base de considérations scientifiques. La compréhension subjective des événements étant d’ailleurs considérée comme plus importante qu’une stricte approche scientifique. Des chercheurs qui n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler que le caractère subjectif de la douleur était désormais reconnu au point d’être mesuré. À quand un outil équivalent de mesure de la souffrance mentale au travail ?
Manque de preuve
À Taïwan, en Corée du sud, au Canada ou encore en France, c’est le manque de preuve qui est le plus souvent avancé par les tribunaux pour justifier la non-prise en compte de la souffrance au travail. Le droit éprouve en effet les plus grandes difficultés à intégrer le subjectif dans ses décisions. Alors que la tendance est à minorer le nombre de suicides liés au travail, le Japon fait figure d’exception. La police affiche un taux de près de 11 %. C’est en effet à la police japonaise qu’il appartient de déterminer si les suicides sont liés au travail. Les mutations, les promotions, les intimidations sont, dans l’ordre, les trois principales causes de suicides identifiées. Des constatations de poids devant les tribunaux.