« Les activités de l’ESS sont soumises à de fortes contraintes qui influent sur les conditions de travail des salariés »

27/06/2017
Actualité

C’est une première. Après plusieurs projets réalisés en collaboration, l’Agence national pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et la mutuelle Chorum ont signé une convention de partenariat pluriannuelle qui scelle la proximité des deux structures pour démultiplier l’impact de leurs actions. Interview de Richard Abadie, directeur général de l’Anact.

Fil Cides : L’Anact et Chorum mènent des projets en commun depuis longtemps. Pourquoi signer aujourd’hui une convention de partenariat avec Chorum ?

Richard Abadie : En effet l’Anact et Chorum collaborent depuis plusieurs années et c’est bien ce qui nous permet de parvenir maintenant à un tel accord. A titre d’exemple, en 2016, nous avons notamment conçu ensemble un site ludique de sensibilisation sur les troubles musculo-squelettiques (ou TMS), vouspreferez.fr. Cette convention vient donc entériner des coopérations qui nous ont permis de mieux nous connaître au fil des ans et de partager un socle commun de valeurs et de représentations. La place centrale de l’homme au cœur des organisations et de l’économie en fait partie. Au-delà, il nous a semblé intéressant de donner un cadre pluriannuel à nos coopérations ponctuelles afin de pouvoir bâtir un programme de travail à plus long terme. Enfin, à notre niveau, cette convention avec Chorum s’inscrit dans une politique de grands partenariats initiée depuis 2014 afin de gagner en pertinence et en efficacité, tant dans nos projets d’expérimentations que dans nos actions de transfert. Une mutuelle est, à nos yeux, un acteur majeur particulièrement à même de démultiplier des messages de prévention et d’amélioration de la qualité de vie au travail auprès de ses adhérents.

 

En quoi l’ESS est un terrain d’action intéressant pour les missions de l’Anact ? Pour ses métiers, ses modes d’entreprendre particuliers ?

L’économie sociale et solidaire rassemble plus de 2 millions de salariés. Il s’agit donc d’un secteur important de l’économie française qui contribue de surcroit à favoriser la cohésion sociale. Les structures de l’économie Sociale et Solidaire (ESS) évoluent dans un environnement complexe et en perpétuelle mutation. Leurs activités sont soumises, pour une grande part d’entre elles, à de fortes contraintes de fonctionnement qui influent sur les moyens d’actions et les conditions de travail des salariés. L’accompagnement de personnes dépendantes, par exemple, ne va pas sans une charge physique et une implication émotionnelle importante pour les salariés. Dans ce contexte, les risques professionnels sont une réalité face à laquelle les acteurs de l’économie sociale disposent d’atouts et de ressources, en termes de sens du travail, de richesse des échanges sur les pratiques professionnelles, de solidarité des collectifs, etc.

C’est pour cela que l’Anact est particulièrement intéressée pour apporter à ce secteur son expertise en matière d’amélioration des conditions de travail et de meilleure prise en compte de la qualité de vie au travail. D’autant plus que les acteurs de l’économie sociale et solidaire sont déjà sensibilisés aux questions de qualité de vie au travail comme en témoigne le dernier baromètre national mené par Chorum : la qualité de travail est jugée plutôt satisfaisante dans l’ESS, avec une moyenne de 6,1/10 pour les salariés et 7,2/10 pour les dirigeants et surtout 83% des salariés et 94% des dirigeants souhaitent continuer à travailler dans ce secteur. Néanmoins plusieurs indicateurs indiquent une dégradation : 49% des salariés contre 46% en 2013) et 34% des dirigeants contre 32% en 2013 ressentent une dégradation de leur qualité de vie au travail et 53% des dirigeants estiment effectuer une charge de travail excessive. Une raison de plus pour l’Anact de chercher à démultiplier ses actions dans ce secteur en travaillant en collaboration avec Chorum.

 

Quels seront les grands axes de la collaboration entre l’Anact et Chorum ?

Le partenariat s’organise autour de cinq grands axes.

  • Le premier passe par le champ de l’intervention avec l’objectif de pouvoir en capitaliser et transférer des enseignements : des actions communes seront mises en place pour valoriser des repères et des démarches qui seront diffusées auprès des adhérents couverts par un contrat de prévoyance collective Chorum ou plus largement en direction des acteurs de l’ESS.
  • Le deuxième axe sera tourné vers l’expérimentation : il s’agira d’organiser ou de participer à des expérimentations pilotées par une des parties afin, là aussi, de produire des ressources utiles aux adhérents de cette mutuelle.
  • Nous nous engageons à apporter un appui théorique et méthodologique à Chorum pour lui permettre d’élaborer une offre « prévention santé au travail » destinée à ses adhérents.
  • Nous entendons également développer ensemble, des actions locales ou régionales destinées aux adhérents de cette mutuelle.
  • Enfin, les actions de communication auront toute leur place dans ce partenariat avec une valorisation réciproque des productions.

 

Ce partenariat est national. Mais trouvera-t-il des concrétisations en région ?

Le partenariat pluriannuel que nous venons de signer a pour objectif de favoriser une synergie sur tout le territoire. L’Anact, à travers le réseau des Aract, et Chorum via ses délégations régionales, sont présentes dans toute la France. Ce maillage du territoire est essentiel pour pouvoir réellement outiller la réflexion et l’action des acteurs de l’amélioration des conditions de travail sur les enjeux du travail, de la qualité de vie au travail et de l’innovation sociale. Le partenariat permettra notamment de mutualiser les savoirs, outils et initiatives sur l’ensemble du territoire. Pour ce faire, nous souhaitons encourager toutes les collaborations envisageables entre les Aract et les délégations régionales de Chorum.

 

Quels pourraient être les premières actions mises en œuvre ? Et les premiers résultats attendus ?

Une « évaluation des démarches de prévention des RPS » est d’ores et déjà en cours avec l’implication de l’Aract Hauts-de-France, et Chorum pourrait également proposer à ses adhérents de recourir aux outils d’analyse de données sociales et d’évaluation du coût de la non-santé développés par le réseau Anact-Aract. Nous allons également assister Chorum dans l’élaboration d’un « Label santé et qualité de vie au travail » pour ses adhérents en prévoyance collective. Enfin, des adhérents de Chorum en région pourront s’inscrire dans des démarches portées par l’Anact, par exemple celle sur la prévention des maladies chroniques. Sur le long terme, je crois que nous sommes tous deux aussi soucieux de repositionner les questions du travail comme étant un enjeu stratégique de concertation.

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