Alors que les femmes représentent environ 2/3 des employé.e.s de l’Économie sociale et solidaire, ce pourcentage s’abaisse brusquement lorsque l’on grimpe les échelons. Pourtant, elles sont nombreuses à s’investir dans ce domaine. Plusieurs initiatives françaises et européennes viennent mettre en valeur ces entrepreneuses dont le Prix de l’Union européenne pour les femmes innovatrices.
Bien que l’ESS soit meilleure élève que ses entreprises cousines du secteur classique, la parité n’est toujours pas atteinte dans les plus hauts postes : 43% de femmes dirigeantes d’entreprises sociales en Europe, un chiffre qui chute néanmoins à 30% pour les entreprises de plus de 20 ans d’existence. Rappelons aussi l’écart de rémunération qui y a encore cours (8% d’écart dans l’ESS pour 13% dans les entreprises classiques) mais, surtout, 43% de femmes à temps partiel dans l’ESS contre 30% dans le secteur classique.
Comment expliquer cette part plus importante de femmes dans l’ESS ? Deux explications : elles trouvent un refuge professionnel plus acceptable dans l’ESS que dans le secteur classique. D’autre part, le secteur de l’ESS rassemble une large majorité de métiers associés aux stéréotypes féminins : social, enseignement, santé…
Récompenser les femmes entrepreneuses
La France n’étant pas le seul pays concerné par cette inégale répartition (loin de là), la Commission européenne a choisi de récompenser et mettre les projecteurs sur les femmes entrepreneuses des entreprises sociales comme classiques. Cet automne voit en effet la 5ème édition du Prix de l’Union européenne pour les femmes innovatrices. Quels critères de sélection sont mis en avant ?
- L’impact sociétale : l’invention a-t-elle permis de créer des emplois ou de répondre en partie aux enjeux sociétaux européens actuels (vieillissement de la population, réchauffement climatique, insalubrité des eaux, énergies renouvelables, développement durable…) ?
- L’impact et la posture de leadership de la candidate : comment l’organisation concernée et la candidate peuvent-elles être des modèles pour d’autres ?
- L’originalité et la possibilité commerciale de l’innovation.
- L’impact économique au niveau de l’Union européenne.
Toutes femmes entrepreneuses à l’origine d’une innovation est invitée à candidater avant le 15 novembre prochain. À la clé, des prix allant de 20 000 à 100 000€. Carlos Moedas, commissaire européen pour la Recherche, la science et l’innovation, a ainsi mis en valeur l’intérêt de ce prix pour rendre visible le travail de ces innovatrices ; donner des modèles féminins à de potentiel.le.s futur.e.s entrepreneur.se.s ; mais aussi mettre l’accent sur la créativité d’une partie de la population trop souvent mise de côté.
En effet, si la moindre part des femmes dans les entreprises sociales et classiques est à regretter d’un point de vue de la diversité et de l’égalité des chances prônée par bon nombre d’organisations, c’est aussi un réel manque à gagner d’un point de vue économique et stratégique en se privant directement de ce potentiel de talents aux noms de stéréotypes et d’idées reçues d’un autre temps.
Les Expertes de l’ESS
Et en attendant de postuler au prix européen, il est possible de participer le 10 novembre prochain, dans le cadre du Mois de l’Économie sociale et solidaire, à la première édition du Forum des Expertes de l’ESS. Cette rencontre est organisée par le site des Expertes , une plateforme numérique créée par le groupe Egae, visant à répertorier des femmes francophones expertes de tous sujets (excepté des représentantes politiques) : cheffes d’entreprises, chercheuses, responsables d’institutions ou d’associations… Face au 19% de femmes expertes invitées actuellement dans les médias et grâce à cet annuaire gratuit, entièrement accessible sur internet et regroupant plus de 2600 profils, l’argument qu’« il n’y a pas de femmes spécialistes de ce domaine » ne tient plus debout ! Le Forum des Expertes de l’ESS sera l’occasion de mettre en valeur les expériences et expertises de plus de 100 entrepreneuses sociales.
À l’image de ces quelques initiatives, il est grand temps de laisser de la place pour tous au service d’un développement économique et social plus équilibré.