De l’association locale aux têtes de réseau de l’ESS, qui participera au Grand débat et comment ? La société civile organisée qu’est le monde associatif souhaite prendre sa part dans le débat à cause ou malgré le peu d’écoute dont les acteurs disent avoir souffert depuis le début du quinquennat.
« Dès le démarrage du mouvement des occupations de rond-point, des adhérents de centre sociaux, lorsque c’était possible, ont pris leur part en allant sur des sites pour animer le débat entre les gilets jaunes et avec les autres citoyens », explique Alain Cantarutti, délégué général de la Fédération des Centres sociaux (1250 centres adhérents. Sur le site de la fédération apparait aujourd’hui de nombreux posts de Centres adhérents qui évoquent, ici l’appui à l’animation de débats, là le prêt d’une salle ou encore l’organisation d’un événement par le Centre social lui-même. Alain Cantarutti ajoute : « Notre ambition est que l’on débatte intelligemment sur le terrain, même si nous sommes conscients des limites de l’exercice dans ces temps troublés. »
Il est impossible de relater l’ensemble de ces initiatives associatives qui organisent ou stimulent le lien entre citoyens. Mais les fédérations, les chambres régionales et les têtes de réseaux nationales affirment globalement leur engagement à participer (voir Le Mouvement associatif, l’Udes). La Ligue de l’enseignement devrait, via ses antennes locales, diffuser des kits d’animation là où les débats s’organisent. L’Uniopss envisage d’inviter ses unions régionales à organiser des concertations départementales, voire d’être représenté sur des événements qui ne sont pas de son fait…
Question d’ADN
Cet engagement ne s’est pourtant pas fait sans sourciller. « Nous adoptons une attitude de co construction car le Grand débat national est l’occasion de faire remonter les préoccupations du terrain alors que, depuis 18 mois, nous ressentons bien que les corps intermédiaires ne sont pas ou peu entendu », souligne Jérôme Voiturier, délégué général de l’Uniopss . Mais comme le résume Marie-Martine Lips, présidente du Conseil national des Cress : « Nous y participerons parce-que c’est notre ADN d’identifier les besoins exprimés par les citoyens et de travailler à trouver les solutions. «
Et d’ailleurs, cet engagement qualifié de naturel par tous se prémunie d’être identifié comme un blanc-seing de la méthode et de la synthèse à venir du débat. Jérôme Saddier, fraîchement élu à la tête d’ESS France, annonce que l’ESS est prêt à contribuer au débat mais « nous le ferons avec nos propres règles et questionnements car, d’une part nous ne pensons pas que les questions posées par la lettre du Président de la République soient les seules ni même parfois les bonnes, et d’autre part nous souhaitons restaurer la parole des corps intermédiaires dans un processus qui ne semble pas les intégrer. » [Pour aller plus loin retrouvez l’interview de Jérôme Saddier en cliquant ici]
Garantir une bonne remontée des infos
La présence de Nadia Bellaoui, secrétaire générale de la Ligue de l’enseignement, dans le quintet de garants du Grand débat est salué par l’ensemble des acteurs de l’ESS comme une reconnaissance du rôle des associations. Reconnaissance que l’on doit, au président du Conseil économique, social et environnemental, M. Bernasconi qui avait à désigner un seul des cinq membre de l’instance de contrôle.
Sur les territoires, les Chambres régionales de l’ESS se positionnent, elles aussi, comme un acteur de la transparence dans le processus de synthèse. Elles demandent à leurs adhérents de faire remonter les données du terrain et participent aux travaux des Conseils économiques et sociaux régionaux (Ceser) dont, certains, comme en Bretagne se consacrent aujourd’hui à 100 % à faire remonter les éléments de synthèses des débats qui se déroulent sur leurs territoires. Au niveau national, Udes, ESS France, Le Mouvement associatif se sont déjà déclarés à la disposition de l’Etat pou r participer à la synthèse.
Côté propositions, Yannick Blanc, vice-président de la Fonda a invité une dizaine de Think Tank à plancher sur un ensemble de propositions à verser au débat national. Le Labo de l’ESS, la 27e Région, Resolis y participerons notamment. « C’est aussi une manière de donner de la visibilité à l’ESS dans le débat », explique l’ancien préfet qui ajoute : « mais nous devons aussi nous interroger au sein de l’ESS. De nouvelles sociabilités et solidarités sont nées sur les ronds-points. C’est une sociabilité de l’action qui fait écho, aussi, à une évolution de l’engagement bénévole dont le moteur est désormais plus l’action que l’adhésion à une structure. Cela doit nous poser question sur une refondation de nos règles de gouvernance. » Une question de fond alors qu’une étude fouillée sur le bénévolat à l’initiative de la Fonda rappelle que les deux-tiers des présidents d’associations sont des hommes d’âge murs, issus des catégories socioprofessionnelles les plus favorisées.