En vue des élections européennes du printemps 2019, l’Union européenne met en place des consultations citoyennes dans la majorité des États membres mais aussi en ligne : une manière concrète d’inviter les citoyens européens à partager leurs opinions sur l’Europe à bâtir.
L’objectif de ces consultations citoyennes, demandées notamment par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, est double : d’une part, permettre aux citoyens européens de définir et se réapproprier des thématiques européennes communes jugées parfois hors de leur portée, et d’autre part, leur donner la parole afin de légitimer, revaloriser et redonner confiance dans le projet européen.
Pratiquement, les consultations citoyennes durent six mois, d’avril à octobre 2018 et ont lieu dans 26 États membres (le Royaume-Uni ne participera pas suite au Brexit et la Hongrie n’a, à ce jour, pas afficher la volonté de se joindre au projet).
Permettant d’identifier les préoccupations et les enjeux citoyens à l’horizon des élections européennes, les conclusions de ces débats seront remises au Comité économique et social européen (CESE) en novembre 2018 puis transmises au Conseil européen en décembre 2018 dans le but d’être prises en compte lors du projet de refondation de l’UE. Les consultations pourront être de deux types : en présence ou numériques. La mise en œuvre de débats physiques permet aux citoyens de se sentir davantage écoutés et pris en compte tandis que les consultations en ligne amènent à toucher un échantillon plus large. Le projet des consultations citoyennes alliera donc ces deux méthodes : les débats en présence seront organisés au niveau local et autour d’enjeux propres aux pays membre et les consultations en ligne questionneront les citoyens sur des thématiques communes et larges tels que « quelles sont les valeurs de l’Europe ? ».
Dans son discours du 7 septembre 2017 à Athènes, Emmanuel Macron appelait à la mise en place de ce projet sous forme de « conventions démocratiques ». La Commission parlera finalement de « consultations citoyennes, les deux concepts se rejoignant sur les thématiques à aborder : Prospérité et emploi, Développement durable, Sécurité, l’Europe dans le monde, Innovation et Unité de l’Europe.
Un défi de taille
Selon une méthodologie dite bottom-up –partir des recommandations de la société civile pour orienter les politiques européennes– la transparence, le pluralisme et le caractère public définissent l’ambition des consultations citoyennes. Néanmoins, en voulant dresser le portrait des avis des citoyens des États-membres, le défi est encore une fois d’envergure : les réalités sociales, culturelles et économiques des différents États membres sont différentes menant à des préoccupations citoyennes diverses.
De plus des doutes persistent : Comment garantir que les enjeux discutés soient européens et non limités à des préoccupations nationales voire régionales ? Comment s’assurer que l’échantillon sera représentatif et non cantonné à des franges de la population déjà sensibilisées au projet européen, puisque l’organisation des débats est laissée à chaque État membre ? Comment garantir des consultations véritablement citoyennes et non influencées par les décideurs politiques ?
Le risque étant finalement d’accroître la fracture entre les élites européennes et les citoyens et de renforcer la baisse voire le manque de légitimité du projet européen dans son ensemble…
Une opportunité pour l’Économie sociale et solidaire
L’Économie sociale et solidaire (ESS) est un secteur d’avenir, porteur de sens, qui véhicule des valeurs telles que l’inclusion sociale, le bien-être au travail ou encore le respect de la planète et de ses ressources via le développement de l’économie circulaire. C’est donc un secteur qui répond aux thématiques européennes actuelles.
La Stratégie Europe 2020 pour une « croissance intelligente, durable et inclusive » expose les défis européens à venir et rejoint les valeurs propres à l’ESS comme l’investissement au service du collectif, la finalité et l’impact social du travail, des valeurs éthiques et responsables, etc. L’ESS est également un pan de l’économie qui résiste mieux à la crise et qui représente 10% du PIB européen. C’est un secteur d’avenir encouragé et soutenu par la Commission européenne.
Si l’ESS est une opportunité pour les défis européens à venir, le projet des consultations citoyennes est également un atout pour l’ESS puisque ce sera l’occasion d’insuffler de nouvelles dynamiques, de promouvoir le dialogue mais aussi d’accroître la visibilité de ce secteur d’avenir et porteur de sens. Par ailleurs, la Commission européenne soutient la mise en place de débats autour de l’ESS, opportunité permise par les consultations citoyennes.
En guise d’exemple, le 29 juin, à Strasbourg, un débat citoyen avait lieu autour du thème « Quel avenir pour l’Europe sociale et solidaire ? ».
Les consultations citoyennes, par essence, peuvent être organisées par tout un chacun. L’occasion est ainsi donnée aux entreprises sociales et solidaires de promouvoir leurs valeurs créatrices et fondamentales mais aussi d’énoncer des propositions concrètes sur l’avenir, les enjeux et les possibilités de l’ESS à destination des décideurs européens.
La liste des consultations citoyennes organisées sous la forme de débats présentiels est disponible ici.