#Derrièrelesmasques 11 : Marion Croix prête main-forte à l’équipe de la crèche des P’tits bouts d’CHU à Angers, restée ouverte pour les familles de soignants. Nouveau lieu, nouvelle équipe, nouveau contexte… il faut s’adapter, mais quel plaisir de travailler !
Le ballet régulier des hélicoptères amenant des malades du Covid-19 au CHU d’Angers, rappelle à Marion, s’il le fallait, dans quelle crise on est… Marion Croix dirige habituellement une micro-crèche et un multi-accueil sur Angers. Mais les deux établissements sont fermés depuis le 13 mars. Et le 16, elle venait prêter main-forte à la crèche du CHU qui accueille les enfants du personnel soignant. Les trois établissements font partie de l’Union mutualiste Enfance Famille Handicap Soins des Pays de la Loire (Groupe VYV) qui a organisé cette mutualisation de ressources humaines sur la base du volontariat. Le CHU d’Angers reçoit des malades du Covid-19 des hôpitaux saturés.
Nouvelle organisation
A l’ouverture, le 16 mars, Marion ne sait pas à quoi s’attendre : « Nous nous attendions à être submergés et moi je pensais que je serais avec les professionnelles pour s’occuper des enfants. Mais la journée a été plus calme que prévu », se rappelle la jeune femme. De nombreux soignants avaient trouvé des solutions alternatives.
Rien n’est simple pour autant. L’affluence est fluctuante, chaque jour, il y a de nouvelles inscriptions, de nouveaux enfants à accueillir sans période d’adaptation. Emilie Froger, la directrice du site doit coordonner cette nouvelle organisation avec une équipe renforcée par des professionnels d’autres établissements mutualistes, dont Marion qu’elle côtoie régulièrement en réunions. « Nous avons créé un bureau d’accueil dans le hall d’entrée où je me suis installée », explique Marion. Cela a institué un espace tampon avant que les parents ne déposent leur enfant presque normalement, hormis les conditions d’hygiène drastiques. « Au fil des jours nous avons tout organisé pour qu’en cas d’arrêt maladie, une autre personne puisse assurer le poste sans problème ».
Un début de routine
La deuxième semaine est celle de la stabilisation de l’organisation. Chacun a trouvé sa place, les renforts sont intégrés. Un système de réservation permet de mieux anticiper l’affluence des jours à venir. « L’ambiance de travail est vraiment bonne », s’excuse presque Marion qui n’oublie pas le contexte. « J’avais quelque appréhension au début, notamment que les parents, qui sont des soignants, déversent beaucoup de choses en cherchant leur enfant. Mais l’émotion est restée mesurée. »
Il a fallu aussi gérer les peurs. Dès le 17 mars, l’équipe est réunie : « Il a été dit qu’il était légitime d’avoir peur. Que personne n’avait le droit de juger ceux restent chez eux ou qui travaillent. Mais pour celles qui viennent, il fallait essayer d’être de bonne humeur », raconte Marion. Dans les faits, les jours passant et une sorte de routine s’installant, l’ambiance s’est détendue : « le Covid occupe beaucoup moins les conversations durant les pauses maintenant », illustre-t-elle.
Détour au bercail
Dès qu’elle a un peu de temps, Marion Croix se préoccupe de son « ancienne vie ». Elle prend au moins une fois par semaine des nouvelles auprès des membres de ses équipes habituelles. Et elle joue aussi les messagères aussi puisqu’elle leur diffuse les messages reçus des familles des enfants dont elles s’occupent : « ça remonte le moral ». Certaines travaillent dans d’autres établissements de l’Union mutualiste, d’autres sont à l’arrêt depuis la fermeture. « Ce qui leur fait très peur maintenant, c’est si les crèches n’ouvraient pas avant septembre », explique Marion. Ça trépigne déjà pour retrouver les enfants… et une vie « normale ».