Mathieu : confinés, faites de la science participative !

14/04/2020
Actualité
C’est le printemps et les scientifiques de l’association Opie devraient être sur le terrain pour observer les insectes, dont les pollinisateurs qui sont si importants pour notre biodiversité. En attendant de pouvoir sortir à nouveau, ils offrent à tout à chacun de participer à leur veille en observant les insectes depuis leur fenêtre ou leur jardin. Mathieu de Florès est les responsable des programmes de science participative de l’association.

« Si nous ne faisons pas de terrain ce printemps, nous nous ne pourrons pas tenter d’analyser l’effet du confinement sur la biodiversité », résume Mathieu de Florès, chargé de mission sciences participatives, à l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie). Le confinement est tombé au plus mal pour les entomologistes de cette association nationale. C’est le printemps, les fleurs s’ouvrent et les insectes pollinisateurs sont au travail.

Malheureusement, les salariés de l’Opie sont contraints au chômage partiel en attendant d’être autorisés de sortir. L’Opie conduit notamment de nombreuses études de terrain et réalise, pour le compte du ministère de la Transition écologique, des plans nationaux d’action destinés à préserver les insectes, dont les pollinisateurs sauvage. « Les trois-quart de la masse des pollinisateurs en trente ans », s’alarme Mathieu… L’occasion est pourtant unique ! Le retrait des activités humaines redonne de manière inédite  une plus grande place à la nature. Mais comment l’observer… Les sciences participatives sont un bout de la solution car elles permettent à chacun d’entre nous de contribuer à cette observation.

Nom de code Spipoll

Mathieu continue de travailler deux jours par semaine : « je reste actif pour le réseau du projet de science participative Spipoll ». Ce projet devait fêter ses dix ans avec les plus fidèles de ses 3000 participants, début mai… anniversaire reporté. Spipoll a été conçu comme un réseau social avant la lettre. Toute personne peut y contribuer en donnant un peu de son temps et de ses yeux. Il suffit d’observer durant 20 minutes une fleur et de prendre en photo tout insecte venant à s’y poser. Le site Sipoll, mais aussi l’application, depuis quelques mois, permettent de charger sa collection de photos, de la nommer, sous le regard bienveillant de scientifiques et d’amateurs éclairés. En dix ans, plus de 500 000 photos ont ainsi été collectées et documentées sur plus de 600 variétés d’insectes. Cela correspond à 1,3 millions de minutes d’observation, soit 900 jours sur dix ans. C’est un outil unique qui contribue à étudier les réseaux de pollinisations qui sont indispensables à notre chaîne alimentaire.

Hausse de participation

L’intérêt de ce système est qu’il peut se faire de chez soi, dès lors qu’une fleur est à porté de l’objectif de son Smartphone. Jardin, verger, mais aussi pelouse de pied d’immeuble ou jardinière sur son balcon… Le confinement semble d’ailleurs stimuler la participation. « Je vois que les noms des collections s’inspirent beaucoup du contexte en ce moment », relève le scientifique. Et sur les sept dernières jours, une centaine de nouveaux observateurs se sont ajoutés à la liste des entomologistes amateurs.

Sortir la tête du confinement

« La force de notre projet est qu’il est peu contraignant. Il ne demande pas de revenir dix fois observer le même site. » Mais il est très efficace. Un amateur modérément assidu va rapidement pouvoir identifier de nombreuses variétés d’insectes et contribuer à la caractérisation des collections. « Avec notre outil, le taux d’identification correcte dépasse les 60 % dès la première utilisation », explique Mathieu. Actuellement, chaque collection est validée dès que trois observateurs amateurs tombent d’accord ou qu’un scientifique donne son avis.

Mathieu de Florès le répète. Ce confinement qui nous contraint est aussi une occasion unique de tester la résilience de la biodiversité à taille réelle : « une saison complète avec moins de dérangement pour les espèces naturels… cela aura forcément un effet et on peut tenter de le mesurer . »N’a-t-on pas déjà observé des fleurs pousser entre les pavés de Paris ou quelques hérons cendrés se poser au bord des canaux urbains ? Allez, chacun sa fleur, partez…

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