Métier du care et numérique : deux activités bonnes à marier

21/06/2017
Actualité
Le numérique et les services à la personne sont, dans l’ordre, les deux premiers secteurs créateurs d’emploi en Europe. Et si les nouvelles technologies se mettaient au service des métiers du « care » ? Réponses dans une note sur « la digitalisation des services à la personne » publiée par Chorum, en partenariat avec le think & do tank Pour la solidarité.

Domaine d’avenir, le numérique , l’est-il aussi pour les services à la personne ? Cette note d’actualité fait le pari que l’utilisation des nouvelles technologies contribuera à l’amélioration des prestations auprès des personnes dépendantes, l’ attractivité des SAP envers ses travailleur.se.s.

Dans notre société de plus en plus vieillissante, les services à la personne (SAP) sont fortement amenés à se développer, que ce soit par en terme d’emplois direct que de fonction d’aidants familiaux. 7,5 millions de personnes travailleraient aujourd’hui en Europe, un secteur composé en grande majorité de femmes issues de l’immigration. Malgré cette forte demande, le secteur souffre d’un turn-over extrêmement rapide et d’un fort taux d’absentéisme ce qui implique une qualité moindre des prestations aux personnes dépendantes. Ces conséquences s’expliquent par des conditions de travail précaires : rémunération faible, temps partiels subis, large amplitude horaire, variabilité des horaires, charge physique et psychosocial, peu d’ascension professionnelle…

Ces conditions semblent de plus se dégrader depuis quelques années, notamment en raison de l’arrivée d’acteurs privés marchands dans ce secteur. Le rendement devient roi au détriment du bien-être des bénéficiaires et des employé-e-s. Entre le service public procédant à des coupes budgétaires depuis la crise de 2008 et l’essor du secteur privé, les organismes de l’ESS peinent à s’imposer.

Autonomiser les personnes dépendantes

Les outils numériques peuvent considérablement aider et améliorer le quotidien de personnes dépendantes en leur permettant de rester à leur domicile et de retarder le placement en institution.

Il existe de plus en plus de techniques de construction (smart building) ou d’appareils électroniques permettant d’assurer la protection et l’autonomie de personnes dépendantes en servant par exemple d’alerte : surveillance du sommeil, détection de mouvements ou de vibrations, utilisation inhabituelle d’une gazinière… Ces techniques permettent à la personne de rester à son domicile sans surveillance humaine constante.

D’autre part, les technologies de l’information et de la communication sont aussi utilisées pour entretenir les liens et contacts sociaux des personnes dépendantes, un facteur qui influence largement le vieillissement. Des technologies d’interface peuvent ainsi être proposées comme un téléphone adapté, la vidéoconférence ou l’utilisation de tablettes tactiles. Enfin, des logiciels informatiques permettent une communication plus efficiente entre les bénéficiaires, les professionnel-le-s de soins et la famille.

Garantir l’attractivité du secteur

Au niveau des travailleur.se.s du secteur, le défi consiste à rendre ces emplois plus attractifs afin de fidéliser les professionnel.le.s et de leur permettre d’exercer leurs métiers dans de bonnes conditions. Pour cela, des outils informatiques permettant une meilleure gestion des spécialités, des temps de travail et des déplacements de chacun.e sont à encourager. Si les nouvelles technologies ont déjà permis de réduire la pénibilité physique, il convient de prendre en compte la hausse des cadences et l’intensification du travail qu’elles peuvent aussi avoir entrainées.

Néanmoins, l’utilisation de logiciels de gestion du personnel ou le développement de services RH permettent des organisations plus fonctionnelles et efficientes. Cela peut se répercuter par exemple sur la réduction des périodes de temps mort dues à un déplacement notamment dans les zones rurales, ce qui est loin d’être négligeable dans des journées à amplitude horaire très larges. Cela pourra, aussi, entraîner une adéquation plus efficiente entre les besoins des bénéficiaires et les compétences spécifiques des professionnel.le.s en mutualisant les différentes compétences.

Un pari gagnant pour l’ESS

En raison de sa visée sociale et de son potentiel financier, les organismes de l’ESS sont les candidats idéals pour intégrer le numérique dans les services à la personne. En effet, si le service public assure une partie du secteur, les coupes budgétaires qui y ont cours n’encouragent pas de gros investissements. À l’opposé, le secteur privé marchand peut tout à fait se permettre d’être à la pointe technologique, néanmoins, cela implique des coûts supplémentaires qui se répercuteront inexorablement sur le prix des prestations. L’ESS, acteur privé mais non-marchand vient apporter une réponse afin de permettre à tous les milieux sociaux de pouvoir bénéficier des soins de la meilleure qualité.

Des investissements conséquents sont à prévoir dans ce contexte. S’ils seront rapidement remboursés, des programmes financiers peuvent aider à les mettre en place, comme les fonds structurels européens (Fonds social européen) ou des programmes dédiés spécifiques. L’exemple du projet européen For Quality ! mené par Pour La Solidarité en atteste. Financé par le programme européen PROGRESS, ce projet visait à améliorer les conditions de travail dans le secteur des services à la personne, notamment par l’utilisation des nouvelles technologies.

Si l’introduction du numérique dans le secteur des services à la personne demandera un investissement financier certain ainsi qu’une formation à ces nouveaux outils des structures, des employé.e.s voire des bénéficiaires, les répercussions sont positives. D’une part les bénéficiaires de soins bénéficient d’une amélioration de leur autonomie. D’autre part, les nouvelles technologies peuvent favoriser de meilleures conditions de travail pour les professionnel.le.s : réduction de la pénibilité physique, meilleure conciliation travail-vie privée et valorisation des compétences de chacun.e… Enfin, ce pari pourrait être gagnant pour l’ESS qui risque sinon de se laisser piétiner par les acteurs privés marchands, au détriment du bien-être des employé-e-s et des personnes dépendantes.

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