L’échéance des Municipales apparaît comme stratégique pour nombre d’acteurs de l’ESS. Le Réseau des territoires de l’économie solidaire (RTES), mais aussi les Cress, le Mouvement associatif sont en première ligne pour promouvoir leur rôle sur les territoires. Jusqu’à la fédération des Commerçants de France qui poussent le modèle Scic pour pérenniser le commerce de proximité. Revue d’armes en pleine campagne…

L’ESS est une économie des territoires. Ce qui est une évidence pour certains, ne l’est pas pour tous. Les premières délégations municipales à l’ESS sont apparues après les élections de 1995. Depuis, le Réseau des territoires de l’économie solidaire (RTES) s’est développé à tous les échelons de territoire, mais la « massification » des politiques locales prenant en compte l’ESS est loin d’être aboutie.

Le Facteur transition

Depuis les Municipales de 2014, le prisme de la politique locale a largement évolué. Le phénomène de métropolisation, la montée en puissance des préoccupations pour le climat et l’attractivité territoriale poussent en avant les thématiques de la transition et de la transformation des territoires dans les programmes des candidats. Dans un tel contexte, les Chambres régionales de l’ESS, les réseaux de collectivités ou encore les représentants des associations ont une carte à jouer pour que leurs valeurs et leurs pratiques donnent du sens aux futures politiques municipales et intercommunales. Le RTES, en premier lieu, a publié un Kit MunicipalESS à destination des candidats tout en s’associant à la mobilisation du Pacte pour la transition. Ce dernier communique sur les « 32 mesures concrètes pour construire des communes plus écologiques et plus justes ». On retrouve dans ce collectif de nombreux acteurs de l’ESS tels que Terre de liens, le réseau équitable Fair[e], le Réseau Cocagne, Enercoop, le Collectif des associations citoyennes (CAC) ou encore Emmaüs France et le Mouvement pour l’économie solidaire (MES).

Outiller les élus…

Mais quelle stratégie adopter pour toucher sa cible ? Le Kit du RTES prend le parti de l’élu.e qui parle à l’élu.e. « L’objectif de ce kit est d’outiller les futures équipes municipales pour développer cette économie de la transition dans les territoires », explique Mahel Coppey, présidente du RTES et vice-présidente déléguée à l’ESS et l’économie circulaire de Nantes Métropole. « Nos fiches repères sont des outils de dialogue. Dialogue entre élus, mais aussi avec les services, car il faut pouvoir se faire comprendre, même auprès de collègues de sa propre majorité », ajoute Patricia Landriot, vice-présidente du RTES et conseillère communautaire d’Auberive Vingeanne Montsaugeonnais (Haute-Marne). Des espoirs d’être repris ? oui, si l’on en croit l’attitude de l’Association des Maires de France qui, après avoir ouvert les portes à l’ESS lors de son dernier congrès, a diffusé les premiers éléments sur le Kit du RTES à l’ensemble de ses adhérents.

Outiller les acteurs…

Les Cress se sont emparées du terrain. En Ile-de-France, Bretagne et Auvergne-Rhône-Alpes notamment, les chambres régionales ont conçu des outils pour les acteurs et leurs adhérents qui au plus près du terrain, vont sensibiliser les candidats. En Bretagne, cela passe notamment par un support de présentation d’entretien à personnaliser qui portent les principaux messages telles que l’intérêt de nouvelles alliances territoriales ou encore la déconstruction du présupposé d’une ESS réduite à une économie de la réparation. En Auvergne Rhône-Alpes, la Cress s’est appuyée sur le collectif d’acteurs du Grand-Lyon pour pousser des propositions qui répondent à la labellisation Territoire French Impact de la métropole. Un argumentaire qui pourrait être repris par d’autres territoires de la région.

En Ile-de-France, l’outillage des adhérents, passe par la publication du guide L’ESS dans ma ville qui dresse lun panorama régional et le potentiel d’action sur une grande diversité de secteurs d’activités. Le guide sera aussi adressé aux instituts de formation des élus. Ces derniers s’ouvrent en effet des droits à formation suite à leur élection, formations prodiguées par des centres spécialisés. « Si ces centres  ne disposent pas d’une définition complète de ce qu’est l’ESS, c’est toute une chaîne de transmission qui pourrait se gripper », explique Sorayah Mechtouh, responsable du développement et de la vie associative à la Cress Ile-de-France. Le travail d’outillage et d’information est de longue haleine tient-t-elle à rappeler : « nous avons aussi créé, en lien avec le RTES et parrainé par la Mutuelle nationale territoriale, un Club des collectivités. Des territoires qui ont la volonté d’agir se retrouvent pour des ateliers mensuels qui leur donnent des billes sur les Scic, l’accompagnement à la création d’activité… » Enfin, la Cress Ile-de France a signé récemment une convention avec le Conseil régional qui cible le profil ESS (emplois et activités)de 10 bassins d’emplois. Ce travail permettra de mieux dimensionner, les relations futures avec les territoires concernés.

Le cercle s’élargit

Le Mouvement associatif et d’autres réseaux encore animent aussi de leur côté le plaidoyer pour ces élections municipales. Le Mouvement associatif a notamment commandé un sondage afin de corréler bien-être territorial et engagement associatif.  Et en élargissant le cercle, on découvre que des acteurs hors champ de l’ESS s’emparent du sujet. C’est le cas notamment des Commerçants de France, dont le blog de Michel Abhervé relaie une interview de son président. Cette confédération de commerçants indépendants de centre-ville a enclenché, depuis un an, un partenariat avec la Confédération générale des Scop et les Unions régionales pour promouvoir le modèle des Société coopératives d’intérêt collectif (Scic) afin de fédérer tous les acteurs du territoire autour de l’enjeu de la vitalité et du commerce de centre-ville.

Les candidats et futurs élus n’ont plus qu’à accueillir ces lobbyistes de proximité et apprendre, toujours un plus, toujours un peu mieux les raisons de créer de nouvelles alliances avec l’ESS. Objectif ultime des acteurs : parvenir à une coconstruction des politiques publiques.

RTES Kit MunicipalESS Fiche 3