Les salariés de l’ESS en situation de handicap donnent une note de 5,5/10 à QVT, contre 6,1/10 pour l’ensemble des salariés. Un contexte dégradé dans un secteur qui fait toutefois mieux que le reste des entreprises en matière d’embauche. Focus à l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, du 18 au 24 novembre.
La France comptait 515 531 demandeurs d’emplois en situation de handicap, fin 2018. Cela équivaut à 8,6 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi. Plus grave : une personne handicapée a deux fois plus de risque d’être chômeur aujourd’hui. Le déséquilibre persiste donc, malgré l’obligation pour toute entreprise d’avoir au moins 6 % de personnes en situation de handicap dans ses effectifs.
De ce point de vue, l’ESS fait mieux que le secteur privé (voir infographie). Seulement 3,4 % des salariés sont en situation de handicap dans les entreprises, tandis que seule une branche professionnelle de l’ESS passe sous cette barre (le Sport, 2,54 % ). Dans le secteur sanitaire et médicosocial (plus de 50 % des effectifs salariés de l’ESS), le taux était de 5,53 % en 2018 selon OETH. Un chiffre relativement stable, même si Pierre-Marie Lableis, directeur général de l’Accord OETH anticiper une hausse à 5,7 % fin 2019.
QVT dégradée
Mais quid de leur qualité de vie au travail ? La note est plus mauvaise. C’est le baromètre 2017 de la qualité de vie au travail dans l’ESS, publié par Chorum qui le dit. Ces chiffres inédits sur le handicap montrent que les salariés handicapés de l’ESS jugent leurs conditions de travail plus sévèrement que le reste de leurs collègues.
D’un point de vue global, les répondants (313 salariés handicapés ont répondu, soit un peu plus de 5 % de l’ensemble des réponses) évaluent leur qualité de vie au travail à 5,5/10 contre 6,1/10 pour l’ensemble des sondés. Si l’on regarde plus en détail, rares sont les cas où salariés handicapés répondent de la même manière que les salariés valides. Une exception : l’équilibre vie privée/vie professionnelle qui est satisfaisant à 65 % pour les personnes handicapées contre 70 % pour l’ensemble des salariés.
Pour d’autres facteurs importants, la situation des salariés handicapés est dégradée… D’ailleurs 56 % des répondants handicapés estime que leurs conditions de travail sont moins bonnes que par le passé, contre 49 % pour l’ensemble. Les raisons invoquées suivent, elles, la même hiérarchie : changements d’organisation, manque de reconnaissance des compétences, dégradation de l’ambiance de travail et, en quatrième position, la rémunération insuffisante.
Exposition aux TMS
Confiance dans l’avenir (47% contre 56 %), bénéficier d’un soutien managérial suffisant (56 % contre 64 %, sur tous ces critères, les salariés handicapés subissent plus de désagréments que leurs collègues. L’exposition à des troubles musculo-squelettiques est particulièrement inégalitaire puisque 50 % des salariés handicapés disent ressentir des douleurs articulaires, une gêne dans le travail, contre 30 % de l’ensemble de salariés.
Ces chiffres datent de trois ans, puisqu’ils sont extraits de la seconde édition du baromètre que la qualité de vie au travail dans l’ESS. Mais la troisième édition dont la campagne d’enquête vient de s’achever (lien à la brève), donnera lieu à l’actualisation des chiffres sur cette thématique dans le courant du premier trimestre 2020. Une tendance se dessinera alors, tandis que l’accord-cadre sur le handicap signé par l’Udes et les partenaires sociaux fêtera son premier anniversaire.
Un changement culturel
La relative stagnation des chiffres de l’emploi des handicapés dans l’ESS, illustre « le travail de fond » nécessaire pour une société plus inclusive. Si l’on prend le secteur du soin, « l’idée qu’une personne handicapée peut soigner évolue lentement car l’image persiste de métiers où il faut être fort », explique Pierre-Marie Lasbleis, directeur général d’OETH. De même, sur le champ du maintien en emploi, « nous y travaillons depuis longtemps et les choses ont progressé. Mais il y a toujours des licenciements pour inaptitude qui pourraient être évités… » A l’occasion de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, du 18 au 24 novembre, OETH mise sur les territoires ruraux pour contribuer au changement culturel. Une caravane joyeuse et colorée prendra la route le 18 novembre, au pied du siège de la Croix-rouge française (adhérente à l‘accord OETH) pour quatre étapes qui la mèneront à Puellemontier (Haute-Marne), Château-Renault (Indre-et-Loire), Villefranche-du-Rouergue (Averyon) et Agen (Lot-et-Garonne). Sensibilisation au handicap, aide au recrutement de travailleurs handicapés, aménagement des postes de travail et reconversion seront les thèmes de cette caravane qui s’installera à chaque étape dans une entreprise de l’ESS du champ sanitaire et médicosocial. L’occasion pour ces entreprises d’inviter les entreprises voisines, ESS ou non, à découvrir toutes les opportunités à œuvrer pour une société plus inclusive.