Face à des institutions qui paraissent toujours plus éloignées pour les citoyens européens, association, mutualité et réseaux de l’ESS portent un discours pour une Europe sociale et solidaire.
Quel espoir pour l’Europe ? Quel espoir de l’Europe ? Avant de parler sur le fond, le débat autour du scrutin européen (du 23 au 26 mai 2019) a porté sur les raisons de s’y intéresser alors que la construction européenne n’est jamais apparue aussi fragile. Les associations de solidarité ou encore les mutuelles, qui n’hésitent pas à critiquer le manque de solidarité des politiques européennes ou la difficulté de laisser s’exprimer une économie plurielle, sont aussi ceux qui s’accrochent le plus à l’utilité de l’unité européenne. La Mutualité française prévient dans son « Manifeste Construisons ensemble l’Europe sociale de demain ! » : « L’Union ne pourra plus se limiter à sa « clientèle » habituelle. Historiquement, sa politique agrée les entreprises, les étudiants, les personnes diplômées et aisées ». [Elle] doit aussi bénéficier aux plus précaires, notamment les jeunes, qui pour certains y voient une menace plutôt qu’une opportunité. De manière plus conventionnel, le Manifeste pour une Europe solidaire conduit par une quarantaine d’associations et réseaux associatifs (Uniopss, Fédération des acteurs de la solidarité, Aequitaz, le Samu social de Paris…) appelle « toutes les institutions européennes et en particulier les futures eurodéputés à s’engager plus fortement et plus concrètement pour les droits et le bien-être des citoyens ».
S’appuyer sur le Socle des droits sociaux
Associations et mutuelles se retrouvent pour faire du Socle européen des droits sociaux un signe positif pour « un nouveau visage de l’Europe », selon la Mutualité française : « les mutuelles, en tant qu’acteurs de l’économie sociale, sont un acteur incontournable dans la mise en oeuvre de ce socle européen des droits sociaux. »
Le Collectif Pour une Europe solidaire identifie quatre axes d’action :
- La mise en place de mécanismes coercitifs à l’égard des États ne respectant pas le Socle des droits sociaux
- Une politique européenne d’accueil digne et solidaire
- Dépasser la seule logique des marchés et mettre fin aux politiques d’austérité
- Facilité l’accès des associations à ces financements.
10 propositions pour l’Europe
Pour sa part, Social Economy Europe, dont ESS France est membre avance dix propositions dans son Memorandum pour les élections européennes 2019. Certaines reprennent la position de Nicolas Schmit (lire son interview), ancien ministre du Travail et de l’ESS luxembourgeois (2013-2018) comme stimuler l’intergroupe économie sociale au Parlement Européen ou consolider le dialogue et la visibilité de l’économie sociale auprès des institutions européennes.
Plus globalement, ces dix mesures appellent à intégrer l’économie sociale et ses acteurs comme un acteur moteur des droits sociaux, de la politique de cohésion sociale et des objectifs de développement durable et de l’emploi dans l’Union.
Un vœux cohérent, pour ne pas dire habituel au moments des scrutins européens. Reste à savoir de quel manière il pourra être entendu.