Une définition de « l’utilité sociale » figure dans le projet de loi ESS. Et elle est très importante. Eclaircissements et illustrations concrètes dans le magazine « Union sociale » de l’Uniopss du mois de mars, qui consacre son dossier à « Comment mesurer l’impact social de la solidarité ? ».
« L’évaluation de l’impact social des associations leur permettra de « plaider pour une économie plus juste et plus intelligente », indique Charles Sellen, économiste de la philanthropie et administrateur de la fabrique Spinoza. Elles peuvent informer et surtout former les citoyens à une manière plus responsable de bâtir l’économie au quotidien… pour convaincre que leur modèle est pertinent, elles doivent sortir de leur coquille et passer à l’offensive, témoigner et démontrer leur valeur ajoutée. Puisque la plupart des acteurs économiques ont les yeux rivés sur les seuls chiffres, c’est par ce biais que l’on peut capter leur attention et les convaincre. Il est indispensable que les associations osent évaluer leur impact social. »
Le dossier d’Union sociale prend pour exemple la fédération Adessadomicile qui menait en 2011 une réflexion sur la manière de valoriser l’activité d’aide et de soins à domicile, rencontre les équipes de l’Essec par le biais de la Macif. Après une période de tâtonnements, les équipes de l’institut d’innovation sociale et de l’entrepreneuriat social de l’Essec, découvrent une méthode anglaise : « The outcomes star ». Celle-ci consiste à se servir d’une étoile de progression pour procéder à l’évaluation. Le principe est simple : une étoile est découpée en plusieurs branches portant sur les thématiques importantes pour les personnes accompagnées. Pour les familles : le logement, la santé, la sécurité, l’intégration sociale, le rythme de vie, les besoins émotionnels, l’apprentissage et la scolarité, le respect des limites. Sur chacune de ces branches sont fixés plusieurs niveaux de progression » jusqu’à « l’autonomie ». « Convaincue, la fédération décide d’essayer cette méthode pour évaluer l’impact de l’action des techniciens de l’intervention sociale et familiale ». De nombreux aspects positifs peuvent être tirés de cette expérience, poursuit l’article d’Union sociale, « tant du côté des professionnels qui souffraient de voir leur métier dévalorisé, que des personnes accompagnées dont parfois les marges de progression sont devenues plus lisibles… » Et selon l’analyse d’Emeline Stievenart de l’institut, qui a supervisé ces travaux : « Je crois que cette aventure a montré que l’évaluation pouvait être un outil de mobilisation des équipes qui se retrouvent dans une dynamique différente ». Partant de ces différents constats… Adessadomicile vient de lancer une expérimentation avec huit services « Familles d’aide à domicile » afin de modéliser une démarche globale d’évaluation d’impact social ».