Régine : Tous les matins nous répétions la procédure en cas d’infection d’un résident

06/05/2020
Actualité
#Derrièrelesmasques 13 : voilà deux mois que la Clé des Dunes vit confinée. Régine Philippe est infirmière dans cette Maison d’accueil spécialisée de la Fondation Hopale où résident des personnes cérébro-lésées, à Berck (62). Si l’implication des équipes a permis d’installer un climat le plus serein possible pour les résidents, tout le monde rêve maintenant de retrouver une certaine normalité…

« J’ai eu les larmes aux yeux en passant la barrière. J’apercevais tout le monde qui attendait pour la prise de température matinale. Je me suis dit : je rentre dans un monde inconnu », se souvient Régine Philippe. Cette infirmière expérimentée travaille depuis la fin des années quatre-vingt dans le secteur du handicap. Mais ce matin d’avril 2020, à sa reprise de service, elle découvre un cadre de travail bouleversé à la Villa des Dunes, un établissement médicalisé de la Fondation Hopale (Berck) qui accueille 45 résidents cérébro-lésés dépendants.

Plan Bleu

Elle était en congés lorsque le confinement est annoncé et revient à son poste après avoir observé une phase de quarantaine. Elle n’a donc pas vécu la mise en place du Plan Bleu (équivalent du Plan Blanc hospitalier en cas d’incident grave). « Nous avions régulièrement travaillé sur ce Plan Bleu, notamment pour le mettre à jour. La pandémie était en haut de la liste des motifs pour le déclencher. Mais j’imaginais plutôt le risque nucléaire ou l’acte terroriste comme déclencheur… »

L’important ce sont les résidents

Habituellement, l’infirmière qu’est Régine prodigue des soins, pose des sondes, fait des pansements et, surtout, assure la surveillance de l’état de santé des résidents dont beaucoup souffrent de différentes pathologies : « certains sont atteints de cancer, d’autres de pathologies respiratoires qui sont suivies à l’extérieur. Là beaucoup de consultations sont annulées, décrit l’infirmière. Mon quotidien est un peu moins médical, mais ce qui nous importait le plus était que les résidents comprennent les raison du confinement dans les chambres. On essayait d’anticiper les réactions… » Heureusement pour tout le monde, la Villa des Dunes a bénéficié d’équipements de protection individuelles dès le départ, via le pôle sanitaire de la Fondation Hopale.

Rituels

Toute l’organisation de l’établissement s’est orientée autour du bien-être des résidents. De l’anticipation des risques avec l’usage d’EPI, heureusement à disposition, mais aussi par la préparation des équipes à la survenance d’un cas d’infection : « tous les jours nous répétions la procédure d’isolement dans le secteur « Covid » que nous avions préparée », explique Régine.

Sylvie Jourdain, la directrice explique : « le confinement est un élément de déstabilisation de nos résidents. Il fallait garder quelques rituels ou en créer d’autres. » Alors qu’habituellement l’objectif des équipes est de multiplier les sorties, de favoriser la socialisation des résidents entre eux et d’éviter qu’un résident ne sombre dans l’isolement, les règles de distanciation sociale ont induit l’inverse. « L’isolement est imposé, mais finalement tout le monde a bien réagit. C’est dur parce que certains pouvaient sortir en ville et puis nous avons une plage juste à côté… Là, l’établissement est organisé en secteurs confinés pour éviter les interactions  », précise l’infirmière.

Desserrer l’étau

L’absence de cas d’infection après cinq semaines de confinement a incité la direction à desserrer l’étau. Des activités à quelques-uns et toujours à distance sont organisées. La salle des repas est à nouveau utilisées, même si chaque résident est à une table séparée des autres. Quelques jours avant l’autorisation donnée par le ministre de la Santé de permettre les visites des familles, un protocole avait été testé à la Villa des Dunes avec signature d’une charte par les familles, parcours extérieur et sanctuarisation d’une salle donnant sur l’extérieur pour permettre au résident d’échanger avec ses proches… sans contact toutefois, pour l’instant.

« Nous avons de nouvelles habitudes de travail qui se sont installées et il y a une bonne ambiance. Nous arrivons aussi à plaisanter avec les résidents. Mais on sent aussi le désir d’un retour à la normal… vivement que cela s’arrête. Pour les résidents », conclue Régine.

 

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