Extraits de l’interview de Thomas Coutrot du ministère du Travail paru dans le magazine trimestriel Santé & Travail du mois d’octobre sur les résultats de l’enquête Sumer (Surveillance médicale des expositions aux risques professionnels), édition 2010. Lesquels font apparaître un double résultat : d’un côté, une moindre exposition des salariés aux risques professionnels cancérogènes, de l’autre une légère augmentation des risques psychosociaux.
Enseignements et éléments surprenants dans l’enquête et pistes d’action ?
« Le point positif est la diminution du nombre de salariés exposés aux risques chimiques, la proportion passant de 37 % en 2003 à 34 % en, après une hausse entre 1994 et 2003. Cela tient à la réduction des expositions aux produits les plus dangereux, les cancérogènes. Concernant la pénibilité physique, la stabilité des chiffres prévaut alors que les risques psychosociaux et organisationnels ont plutôt augmenté (…) ».
« Si on a constaté « une certaine stabilité dans les organisations du travail, les dysfonctionnements liés aux innovations organisationnelles ont été moins nombreux, permettant aux salariés de mieux anticiper les aléas… En revanche, la part de ceux qui subissent des comportements hostiles au sein du collectif de travail augmente de 17 % à 22 %. Ce qui est paradoxal, c’est que davantage de salariés déclarent dans le même temps avoir les moyens pour effectuer un travail de qualité. D’autres facteurs entrent sans doute en jeu, comme la déclaration du sentiment de reconnaissance par l’entreprise ou la hiérarchie. Un déni de reconnaissance du travail est signalé par 12 % des hommes, contre 11 % des femmes. Les dysfonctionnement de l’organisation du travail débouche sur des situations difficiles qui sont vécues différemment par les femmes et les hommes, les premières les voyant comme une atteinte à leur identité personnelle, les seconds comme une atteinte à leur identité professionnelle ».
« La priorité de l’action devrait donc se centrer sur les organisations du travail, ce qui apparaît plus difficile que de pourvoir les travailleurs en masques et gants. Un aspect mérite attention : ceux qui bénéficient d’un entretien d’évaluation se disent en moyenne plutôt satisfaits de leur travail, mais pour un quart d’entre eux, les entretiens sont menés sans critères d’objectifs, conduisant à une évaluation arbitraire et à des situations de travail dégradée. Il serait nécessaire de renforcer la légitimité des méthodes d’évaluation ».