Travailler dans l’ESS en 2020 : fier de sa mission, préoccupé par l’avenir

18/05/2020
Actualité
Chorum a présenté les résultats de la troisième édition du Baromètre de la qualité de vie dans l’ESS lors d’une web conférence le 14 mai. Les chiffres confirment l’engagement largement partagé des salariés et dirigeants à assumer des missions dont l’importance sociétale s’est révélée comme jamais tout au long de ces semaines de confinement. Cette conférence a été l’occasion de revenir sur la capacité d’adaptation de l’ESS en toute situation et de tracer les voies de mise en œuvre d’une qualité de vie au travail comme pilier essentiel d’organisations de travail toujours plus résilientes.

Cette troisième édition du Baromètre de la qualité de vie au travail a une saveur toute singulière. L’enquête, qui avait recueillis le ressenti de 4 815 salarié.e.s et 652 dirigeant.e.s de l’ESS a été réalisée en octobre 2019. La présentation des résultats s’est déroulée alors que la phase de déconfinement vient de prendre fin. L’ensemble des entreprises de l’ESS ont été touchées par le contexte de confinement du à la pandémie. Une grosse moitié des structures ont vu leur activité stoppée (jusqu’à 80 % d’entre elles dans le sport) sans que les mesures de soutien ne leur soit toujours accessible. D’autres ont eu à assumer un surcroit d’activité en situation dégradée afin de gérer la crise sanitaire, venir en aide aux plus fragiles d’entre nous, protéger des enfants en difficulté familiale, porter secours aux plus démunis, limiter le décrochage scolaire… « A l’heure du déconfinement, il nous faut maintenant imaginer, construire ensemble les jours d’après : nouvelles organisations, télétravail, tiers lieux, présentiel, autant de formes d’activités à redéfinir et les enjeux de qualité de vie au travail seront essentiels pour relever ces défis », a invité Thomas Blanchette, président de Chorum, au lancement de la conférence [lien vers le replay], le 14 mai.

Que dit le 3e Baromètre de la QVT dans l’ESS ?

64% des salarié.e.s du secteur déclarent leur structure comme un endroit où il fait bon travailler. Ils déplorent malgré tout une dégradation de leur qualité de vie au travail, impactée notamment par des changements d’organisation mal vécus. Les dirigeant.e.s expriment également une détérioration de leurs relations avec les pouvoirs publics et les financeurs, ainsi qu’une baisse des moyens humains et financiers disponibles.

85% des salarié.e.s du secteur de l’ESS jugent « utile » leur travail, et qu’il bénéficie au public. Pour Julie Gaillot, responsable de département de l’Institut CSA, qui a réalisé le sondage : « C’est un enseignement fort. Ce sentiment d’utilité et de reconnaissance demeure au cœur de la motivation des salarié.e.s de l’ESS ».

Autre enseignement, 64% des salarié.e.s de l’ESS recommandent leur structure comme un endroit où il fait bon travailler. En revanche, ils sont 47% à estimer que leur qualité de vie au travail s’est dégradée au cours des dernières années, avec pour principaux facteurs de dégradation les changements d’organisation et le manque de moyens humains et financiers. En effet, seulement 49% des salarié.e.s interrogé.e.s déclarent avoir eu des informations suffisamment claires sur les raisons du changement opéré au sein de leur organisation. Cela pointe un dysfonctionnement dans la conduite du changement, et met en lumière l’insuffisance du travail de communication effectué.

Par ailleurs, la moitié des salarié.e.s déplore une charge de travail trop importante, et, pour 38% d’entre eux, des injonctions contradictoires, en hausse par rapport à l’édition précédente. Les managers, eux sont perçus positivement par leurs collaborateurs (63 % des salariés). Ils sont eux même préoccupé des difficultés à réguler leur propre charge de travail (pour 63% des managers).

Des dirigeant.es volontaires et débordé.e.s

A l’instar des salarié.e.s, les dirigeant.e .s estiment pour la majorité (96%) que leur travail est utile au public. En revanche, par rapport à l’édition précédente, ils sont plus nombreux à déplorer une dégradation de la QVT au cours des dernières années (37%). Deux causes principales sont désignées : la dégradation des relations avec les pouvoirs publics et les financeurs (56%) et la baisse des moyens humains et financiers (53%). Les dirigeant.e .s expriment également une surcharge de travail, 54% jugeant leur charge excessive. Cela se traduit notamment par une hyper-connexion : 77% d’entre eux sont souvent connectés en-dehors de leur temps de travail.

Et maintenant…

« Nous sommes convaincus que la qualité de vie au travail sera au cœur du plan de relance pour l’ESS. Pour être à la hauteur des défis qui sont les nôtres, nous avons besoin de collaborateurs, de salariés et de dirigeants pleinement épanouis dans leur investissement au service de l’intérêt général », a affirmé Christophe Itier, Haut-Commissaire à l’ESS et à l’innovation sociale en préambule de la conférence.

Les acteurs de l’ESS se projettent désormais dans l’avenir. « Dans toutes circonstances (même en crise), soit on gagne soit on apprend ! A un moment, prenons le temps d’identifier collectivement les expériences positives vécues et les diverses leçons !  », a lancé un directeur des ressources humaines d’une association du secteur médico-social lors de la conférence. Durant la période de confinement, de nombreux exemples de changements d’organisation, parfois situés très loin des canons et des sentiers battus, ont été observés. Une enquête menée par Chorum auprès d’un échantillon d’adhérents a relevé quelques lignes de forces comme des formes de solidarité entre associations de secteurs d’activité différents ou entre établissement d’une même association : transfert de main d’œuvre sur la base du volontariat, introduction d’une certaines de polyvalence voire de polycompétences puisque parfois des animateurs du secteur de l’animation ont été sollicités pour intervenir dans les MECS ( Maisons d’enfants à caractère spécial) ou des ergothérapeutes venus faire des soins dans d’autres structures. Autre tendance observée : un travail sur la priorisation des tâches permettant de recentrer les professionnels sur l’essentiel. Enfin, le travail à distance a poussé à modifier les modalité d’accompagnement des usagers. Cela ne s’est pas fait sans mal, mais a pu générer de nouvelles solutions.

Continuer d’être agile et jouer collectif

Nicolas Chabroux, consultant du cabinet TransfaiRH qui a accompagné de nombreuses organisations du secteur sanitaire et médico-social prévient : « la crise va durer et il est nécessaire de continuer à être agile. Le confinement, la crise ont imposé d’autres fonctionnements : il a fallu être réactif et créatif, soyons dans la même dimension en accompagnement de sortie de crise en n’ayant pas peur de travailler autrement, de faire les choses autrement, de communiquer autrement.

En conclusion des échanges, Jérôme Saddier, président d’ESS France a réaffirmé sa conviction : «que l’ESS peut et doit incarner l’économie de demain. Nous devons réinventer nos modes de production, de distribution et de consommation et les conditions de travail qui vont avec. Dans ce contexte le rôle de nos entreprises de nos organisations, et de nos associations sera essentiel, et la question managériale et de la transformation de nos organisations sera stratégique, notamment pour continuer à donner du sens. »

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