Le « bien-être au travail » est le thème exploré par un rapport1 de 2013 de l’Agence de Bilbao2 , organisme paritaire en charge de la santé et sécurité au travail en Europe. S’appuyant sur l’analyse de questionnaires diffusés dans 23 pays européens, l’Agence soulève les enjeux du concept de bien-être au travail, évalue sa pertinence, ses limites et ses applications opérationnelles.
A la différence des premières directives européennes sur la santé et la sécurité des travailleurs datant de la fin des années 19903, le concept de bien-être au travail a trait non plus seulement à la lutte contre les ATMP4 mais bien à tous les aspects de la vie active, allant de la qualité de l’emploi à la sécurité de l’environnement de travail. Loin de faire consensus sur les variables à intégrer au concept, la plupart des pays s’accordent néanmoins sur la nécessité de prendre en compte l’état psychologique et mental du travailleur.
Souvent rattaché à celui de productivité, le concept stipule qu’un travailleur épanoui serait plus productif, faisant ainsi coïncider intérêt du travailleur et intérêt de l’entreprise. Concept dynamique et en formation, les employeurs bénéficient d’une certaine souplesse dans les variables à ajuster pour faire coïncider bien-être des employés et efficacité au travail.
Un concept d’autant plus pertinent dans le contexte de crise
Face à la crise économique et aux politiques d’austérité, les travailleurs connaissent un accroissement des situations de stress, d’instabilité de l’emploi et d’augmentation des charges de travail. Cette conjoncture s’ajoute à de nouveaux risques structurels, au premier rang desquels le vieillissement de la population active.
Devant pareil constat, l’agence de Bilbao suggère une meilleure coordination des acteurs, une meilleure diffusion des bonnes pratiques et la sensibilisation des employeurs. Dans sa propre définition du concept, l’agence insiste sur l’intérêt commun des acteurs à l’améliorer le bien-être des travailleurs : concept global, l’objectif du bien-être au travail doit inciter à la promotion de la santé, de la sécurité et du bien-être des travailleurs, paramètres indissociables du dialogue social et de la bonne santé de l’entreprise.
Le bien-être au travail dans l’ESS
En France, l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (UDES) met bien en évidence la préoccupation des acteurs de l’ESS pour le bien-être de ses travailleurs5. L’attention prêtée aux salariés, la culture du dialogue social et les risques liés aux caractéristiques mêmes des métiers de l’ESS (accompagnement des publics fragilisés, professions sanitaires et médico-sociales, etc.) portent naturellement vers un intérêt pour le concept. Alors qu’une nouvelle stratégie pour la santé et la sécurité en Europe est en attente6, les acteurs de l’ESS peuvent se faire les porte-paroles de ces bonnes pratiques.
1 : EU-OSHA, Well-being at work: creating a positive work environment. Literature Review, 2013. Téléchargeable sur : https://osha.europa.eu
2 : European Agency for Safety and Health at Work, aka EU-OSHA
3 : Directive 89/391/CEE du Conseil du 12 juin 1989 concernant la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de la sécurité et de la santé des travailleurs au travail. Plus d’informations disponibles sur : http://europa.eu
4 : Accidents du travail et maladies professionnelles
5 : L’UDES a présenté en juin 2013 ses contributions pour l’amélioration des conditions de travail et la santé au travail à la grande conférence sociale pour l’emploi. Parmi elles, l’intégration d’objectifs extra-financiers dans les objectifs des managers prévoyaient de faire entrer la qualité de vie au travail au cœur des préoccupations des cadres d’entreprise.
Pour plus d’information, consulter les contributions de l’UDES sur leur site internet : www.udes.fr
6 : Les conclusions de la stratégie européenne de santé et sécurité au travail (SST) 2007-2012 invitaient à l’extension de ces pratiques de SST aux PME, au développement d’outils de suivi et à l’accentuation des efforts sur les risques nouveaux et l’enjeu du vieillissement. Mais la Commission n’a pas intégré la définition d’une nouvelle stratégie à ses programmes de travail 2013 et 2014.