Una et Nexem : faire tomber le mur entre domicile et établissement

29/03/2018
Actualité

Révolution de l’offre, rapprochement stratégique, alliance pragmatique… Jusqu’où ira la partenariat signé entre Nexem et l’Una signé en février ? Cette alliance inédite entre deux organisations d’employeurs de secteurs différents affiche son ambition de décloisonnement sectoriel pour répondre aux nouveaux besoins des personnes fragiles. Mais pas de rapprochement institutionnel à l’horizon.

Un mariage du sanitaire et social, du handicap et de l’aide à domicile ? L’officialisation, mi-février, du partenariat entre Nexem, principal syndicat d’employeur du secteur social, médico-social et sanitaire non lucratif, et l’Una, une des principales organisations de l’aide à domicile, a pu soulever des interrogations,  voire des inquiétudes sur les prémices d’un bouleversement dans le jeu des représentations dans les branches professionnelles. Mais de fait et en l’état, le partenariat entre Nexem et l’Una illustre d’abord la préoccupation des deux organisations de relever les défis de leurs secteurs, qui partagent de plus en plus souvent les mêmes publics. En effet, cela fait quelques années que, dans la pratique, une personne peut être en établissement la journée et chez elle le soir, la nuit, le weekend. Conclusion, il est urgent de « décloisonner l’offre de service entre aide et soin, domicile et établissement », expliquent les deux organisations dans leur dossier de presse. D’autant que les pouvoirs publics demandent expressément aux acteurs d’innover et que le secteur privé lucratif est en embuscade. « La réflexion n’appartient pas qu’aux pouvoirs publics. Elle doit être partagée et nous démontrons-là que nous prenons nos responsabilités en dépassant ce qui faisait notre histoire, notre culture, pour imaginer de nouvelles manières de travailler ensemble », estime le directeur général de Nexem.

Ce « changement de paradigme » est déjà mis en œuvre ponctuellement sur le terrain. Des associations des deux environnements nouent des liens opérationnels pendant que d’autres structures diversifient leurs activités au-delà de leur périmètre originel. Et comme l’explique Nicole Streignart, directrice générale de l’Una, « Nous avons avec Nexem la même volonté d’agir plutôt que de subir… »

 

Deux ans pour agir

Si le contexte du partenariat est stratégique, Una et Nexem vantent le caractère pragmatique et opérationnel de leur alliance. « Nous avons anticipé ce partenariat il y a deux ans et nous avons validé auprès de nos adhérents l’émergence de cet écosystème »,  rappelle Nicole Streignart. Partage des pratiques innovantes et émergence de nouveaux modèles, convergences conventionnelles sur les métiers communs pour faciliter les passerelles professionnelles entre secteurs (voir l’interview de Dorothée Bedok et Manuella Pinto)… Les deux organisations se sont données deux ans pour la première phase du partenariat et trois objectifs :
• Apporter des réponses aux nouveaux besoins des usagers en assurant la plus grande continuité possible dans les accompagnements des personnes fragiles.
• Adapter les emplois et promouvoir l’attractivité des métiers du social et du médico-social.
• Promouvoir le modèle non lucratif auprès des pouvoirs publics et face à la concurrence des acteurs privés lucratifs.

 

QVT et conventions collectives

Aborder la question de l’emploi et de l’attractivité des métiers passera notamment par la question de la qualité de vie au travail dans des secteurs qui ont en commun d’être en difficulté sur le terrain de la sinistralité et des symptômes de l’usure professionnelle. Impossible donc d’éviter, pour ces deux organisations d’employeurs, d’aborder les champs conventionnels qui s’appliquent dans les deux environnements. Ce sera l’objet des premiers mois d’activité d’un des groupes de travail qui aura à établir un état des lieux comparatif en amont des négociations qui sont d’ores et déjà programmées avec l’ensemble des partenaires sociaux dans les branches concernées (principalement BAD et BASS). Mais les deux organisations insistent : « il n’est pas question de se lancer maintenant dans un projet de convention collective unique qui irait de l’aide à domicile au sanitaire, social et médico-social non lucratif », explique Stéphane Racz. « Nous sommes membres de l’Union syndicale de branche Domicile et nous ne remettons pas en cause cet engagement. Ce que nous souhaitons c’est ouvrir nos champs de réflexion. », ajoute Nicole Streignart. Les deux organisations laissent en quelque sorte le soin à l’Histoire de dire si ce premier partenariat n’aura pas été, finalement, la première pierre d’un rapprochement de branche.

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