La 4e édition du Baromètre national de la qualité de vie au travail (QVT) dans l’ESS révèle un ressenti globalement stable tant pour les salariés que pour les dirigeants. Le sens du travail reste un moteur pour des salariés qui décrivent tout de même, pour une partie d’entre eux, une dégradation de leur QVT.
6,2/10 pour les salariés, 7/10 pour les dirigeants. Les notes sont identiques en 2019 comme en 2022 et ce, malgré la crise sanitaire qui a pourtant touché le quotidien de nombreux professionnels de l’ESS placés en première ligne (aide à domicile, handicap, secteur médico-social…). Il ne faut pourtant pas en conclure que rien ne change au pays de l’ESS.
En effet, ces notes représentent la moyenne de l’ensemble des près de 5000 répondants au 4e baromètre de la qualité de vie au travail dans l’ESS, réalisé par le pôle d’expertise dédié à l’ESS d’Harmonie Mutuelle. Un cinquième des salariés et un quart des dirigeants relèvent une amélioration de leur qualité de vie au travail, tandis que 46 % des salariés et 40 % des dirigeants notent, quant à eux, une dégradation de leur quotidien professionnel.
Cohésion d’équipe
Une chose est sûre, malgré les difficultés, l’ambiance d’équipe fait beaucoup dans l’amélioration de la QVT. C’est la première raison invoquée tant par les salariés (46 %) que par les dirigeants (40 %). La cohésion d’équipe est d’ailleurs saluée par plus de 70 % des répondants dans l’ensemble de l’ESS. La mise en place du télétravail est la deuxième raison la plus citée, devant les changements organisationnels.
Mais ces mêmes changements sont, pour d’autres, le premier facteur de dégradation, devant la rémunération et l’ambiance de travail.
Les dirigeants portent un regard inverse. Les changements d’organisation se classent en troisième position des motifs de dégradation de la QVT tandis que c’est le deuxième facteur d’amélioration.
Pratiques du changement
Ce gap entre salariés et dirigeants s’explique par la position même que chacun adopte dans l’entreprise. Les premiers motifs de dégradation de la QVT exprimés par les dirigeants sont les relations avec les pouvoirs publics, puis le manque de moyens financiers. Deux facteurs moins visibles du point de vue des salariés mais ils en ressentent les conséquences dans leur quotidien professionnel. Les changements organisationnels sont souvent déclenchés du fait des tutelles publiques dans des secteurs où l’activité est très encadrée. La baisse progressive des financements publics (ils ne représentent plus que 40 % en moyenne dans le budget des associations) est en soi une contrainte qui pèse sur l’organisation du travail.
Améliorer la participation des salariés
Le défi pour les structures de l’ESS résiderait donc dans le partage des enjeux de transformation par les salariés et les dirigeants et leur capacité à « coconstruire les solutions organisationnelles », comme l’explique Isabelle Boyer, manager de transition du cabinet Prométhée-partners et spécialiste du secteur associatif. Le baromètre, publié par Harmonie Mutuelle ESS, constate en effet que la moitié des salariés (49,8 %) regrettent de ne pas être suffisamment associés à la conduite du changement, alors que 88 % des dirigeants se disent satisfaits sur ce point. Cette juste participation des salariés permettrait de « relier les contraintes qui s’imposent aux directions à leur impact sur les situations de travail », explique Pascal Ughetto, sociologue et spécialiste des transformations du travail qui a été associé à la réalisation du baromètre. Un défi de taille qui s’impose, par ailleurs, afin de renforcer la capacité des employeurs à fidéliser leurs équipes.
Pour en savoir plus : https://www.harmonie-mutuelle.fr/ess