📣 Emploi : l'ESS souffre mais ne rompt pas

ESS France publie les chiffres de l'emploi en 2020

05/07/2021
Note de conjoncture emploi ESS

[FOCUS] L'emploi dans l'ESS n'a baissé que de 0,9 % en 2020 grâce à une rebond à partir de l'automne. Un chiffre moins élevé que dans l'ensemble de l'emploi privé (-2,2 %), mais des branches d'activité ont souffert plus que d'autres et les inconnues sont trop nombreuses pour savoir si le rebond de fin d'année se prolongera en 2021. Découvrez les principaux enseignements de la Note de conjoncture de l'ESS publiée par ESS France et réalisée par l'Observatoire national de l'économie sociale et solidaire.

Acte I : 2e trimestre 2020, 1er confinement. L'ESS voit disparaître 52500 emplois (par rapport au 2e trimestre 2019). La chute est rude. Plus forte que dans le reste de l'économie privé. Acte II : 4e trimestre 2020, 2e confinement. L'ESS a remonté la pente et la chute n'est plus que de 18783 emplois par rapport à la fin 2019. Sur l'année 2020, l'emploi n'aura baissé que de 0,9 % alors que l'emploi privé, lui, diminue de 2,2 %.

Sport et loisirs, culture, hébergement...

Ces chiffres, publiés dans la Note de conjoncture de l'emploi ESS en 2020, révèlent que les entreprises de l'ESS sont parvenues à rebondir dès que l'activité a, à nouveau, été possible après le premier confinement. Mais la situation est très contrastée selon les branches d'activité et les statuts. Ce sont les associations qui ont le plus perdu d'emploi. Et tout particulièrement les associations culturelles, sportives et de loisirs, ainsi que l'hébergement et la restauration : 22255 emplois perdus. Elles ont en commun d'avoir été les plus entravées dans leurs activités. Lieux culturels fermés et clubs de sport fermés, tourisme social en sommeil...

Ce sont aussi des secteurs qui ont largement recours aux contrats courts, que ce soit CDD, intermittents du spectacle et saisonniers. Cette baisse correspond très majoritairement à des non-recrutements du fait de l'annulation des activités (intermittents dans la culture, saisonniers, animateurs) ou à des non-renouvellements de CDD, les contrats courts étant très fréquent dans ces secteurs. La chute est très forte pour ces branches puisque l'on parle de -13 à -15 % de l'emploi dans ces branches.

La santé compense en partie

D'autres branches ont, elles, gagné des salariés. C'est le cas de la santé (+2,4 %) et du médico-social (+1,7 %). Une augmentation logique au regard de la mobilisation de notre système sanitaire mais qui ne peut être interprétée comme une augmentation pérenne. Les créations de postes sont certainement moins nombreuses que l'embauche de renforts, notamment en interim, pour absorber le surcroît d'activité mais aussi les arrêts maladies causés par la Covid (arrêt pour garde d'enfant durant le premier confinement, arrêt maladie, épuisement...). Par ailleurs, les augmentations de salaires obtenues par le secteur public lors du Ségur de la Santé n'interdisent pas de voir un phénomène de déport des professionnels du secteur associatif vers le secteur public. Ce contexte pose l'enjeu fort de la revalorisation des salaires dans la santé et le médico-social associatif afin de réduire l'avantage salarial concurrentiel actuel du public.

Peu d'impact du Covid sur les autres statuts

Entre secteurs en baisse et secteurs en hausse, les associations ont perdu 20 000 emplois en 2020. Le gap qui nous sépare des 18783 emplois perdus dans l'ESS est à chercher du côté des fondations et des coopératives dont le nombre de salariés a augmenté. Une augmentation tendanciel ces dernières années, signe que coopératives et fondations ont fait mieux que résister durant la crise sanitaire. Pour les fondations, l'augmentation peut s'expliquer entre autre par la bascule d'associations du secteur de la santé vers le statut de fondation et par le nombre croissant de fonds de dotation.

Côté coopératives, la hausse est infime, atténuée par la baisse légère et structurelle de l'emploi dans le secteur bancaire. Cette quasi stabilité reste le signe d'une belle résistance d'entreprises engagées dans des secteurs commerciaux et concurrentiels. A noter une hausse sensible des emplois dans les coopératives HLM et dans les coopératives de transport. Faut-il y voir l'impact du boom du transport sur le dernier kilomètre où les Scop se sont multipliées ? Il faudra attendre pour le savoir.

Le secteur mutualiste perd de l'emploi, mais cette baisse est plus structurelle que conjoncturelle.

Un gros creux puis le rebond

La Note de conjoncture avance plusieurs explications sur cette courbe de l'emploi 2020 et le creux du 2e trimestre avant le rebond. Elle s'appuie notamment sur la disparition des établissements de l'ESS au sens de l'Urssaf : un établissement disparait dès lors qu'il ne déclare aucune activité salariée durant trois mois (le chômage partiel, fortement mobilisé par les associations, n'est pas pris en compte). Là aussi, la baisse est importante au deuxième trimestre avec plus de 3000 établissements qui sortent du radar de l'Urssaf. Mais ceux-ci réapparaissent en grande partie entre le troisième et le quatrième trimestre. Pour Benjamin Roger, "on peut le mettre en partie sur le compte d'un effet retard de l'accès aux aides d'Etat" pour les associations. L'amélioration de l'accès au fonds de solidarité et la création du fonds UrgencESS ont amélioré la situation par la suite. Et bien sûr, le second confinement a été plus souple, permettant un retour à l'activité notamment du fait du maintien de l'enseignement scolaire et donc de l'accueil de loisirs.

Résilience

Cette année 2020 démontre la capacité de résilience des modèles entrepreneuriaux de l'ESS. Elle informe aussi sur les piliers de cette capacité. Aujourd'hui, une association couvre, en moyenne, 40 % de ses ressources via des fonds publics (source Le paysage associatif français). Les enquêtes du Mouvement associatif menées auprès des dirigeants associatifs durant la crise ont d'ailleurs montré qu'une majorité d'associations disposaient d'une trésorerie leur permettant de tenir au moins six mois. Mais le soutien de pouvoirs publics reste fondamental. Sans le chômage partiel et le maintien, globalement assuré, des subventions par les collectivités publiques, les associations n'auraient pas fait que disparaître temporairement des tablettes de l'Urssaf avant de réapparaître au fil des mois. D’ailleurs l’impact de la crise sanitaire sur l’emploi ESS se situe à peu près au même niveau que celui de la fin de la politique des contrats aidés, fin 2017 et causé, en grand partie, la baisse de 0,6 % de l’emploi en 2018. Un autre signe de l'importance du soutien public à la vie associative.

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