[SELECTION LIVRE 1/3] Dix ans après une première étude, l'ouvrage Regards d'économistes sur l'ESS explore les ponts entre l'Economie sociale et solidaire et la théorie économique. Un livre riche de réflexions aussi empathiques que critiques du rôle de l'ESS dans l'économie. Stimulant.
Comment les sciences-économiques regardent-elle l'Economie sociale et solidaire ? La regarde-t-elle seulement ? Avec intérêt ou dédain ? Des économistes en font-ils un objet de recherche ou de théorisation ? Ces questions ont été explorées il y a dix ans dans le cadre d'une étude souhaitée par le Labo de l'ESS et réalisée par Philippe Frémeaux, alors rédacteur en chef d'Alternatives Economiques. En 2023, l'exercice a été renouvelé sous la houlette d'Hugues Sibille (président du Labo de l'ESS), Timothée Duverger, directeur de la Chaire Terr'ESS et Camille Dorival qui a oeuvré à la direction d'Alternatives Economiques.
L'ouvrage issu de ce travail d'entretiens avec des dizaines d'économistes (très peu d'orthodoxes, comme il y a dix ans), fourmille d'informations sur ce qu'est, mais aussi ce que n'est pas l'ESS.
Nos économistes, (Richez-Battesti, Jany-Catrice, Laurent, Coriat, Boyer, Rambaud...) regardent le plus souvent l'ESS sous un angle réducteur. Certains ne verront que l'économie des coopératives, quand d'autres y verront d'abord une économie de l'intérêt général.
Pour certains c'est la question de la gouvernance démocratique, du partage de la décision et donc la place de chacun dans l'entreprise qui compte, quand d'autre abordent l'ESS, d'abord, comme un espace économique qui partage la valeur autrement. On s'y perd parfois un peu dans ces bases très mouvantes de la discussion qu'organisent les rédacteurs, mais c'est aussi, d'une certaine manière, la faute à l'ESS qui conserve en son sein une telle diversité de modèles et d'aspirations
que les tentatives d'épure du cadre théorique restent vaines.
Transition écologique et communs
Reste qu'au fil de l'ouvrage, l'ESS, ne se dessine pas comme une branche potentielle de la théorie économique (comme l'est l'école néo-classique qui a théorisé le libéralisme). Elle apparaît plutôt comme un espace de pratiques qui mêle l'entrepreneuriat à l'enjeu de créer une économie citoyenne, c'est-à-dire une économie reliée aux besoins sociétaux, plutôt qu'aux injonctions du marché et de la profitabilité. L'ESS serait un espace de dépassement de l'économie de marché sans toutefois sans affranchir.
Et les économistes interrogés se retrouvent pour relier l'ESS aux enjeux de transition écologique et d'une théorie des biens communs, qui, eux disposent d'un cadre théorique relativement clair. Cette connexion à une économie de la transition ou des biens communs ouvre un cadre stimulant pour que l'ESS trouve sa place totalement dans la transformation de nos sociétés.
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