Une coalition de 13 organisations employeurs et professionnelles du secteur de l'autonomie appellent l'Etat à des mesures d'urgence et à une refonte du système de financement.
De la précarité au déficit structurel
"De 110 millions d'euros de déficit cumulé en 2022 nous multiplions presque par deux à 210 millions en 2023 (...) 75 % de nos adhérents sont en déficit ", s'alarme Elodie Hémery, directrice Autonomie à la Fehap, l'un des syndicats employeurs du secteur sanitaire, social et médico-social non-lucratif. Du côté de la FHF qui représente les établissements publics c'est 85 % d'établissements en déficit. "Nous sommes passé de la précarité à un déficit insupportable", insiste Marc Bourquin, conseiller stratégie à la FHF."On ne peut pas améliorer la situation par une meilleure gestion, elle est déjà au cordeau", prévient-il.
La faute à qui ?
L'Etat et les Départements (distributeur de l'Allocation Personne Agée (APA) sont les deux premiers visés, mais les treize organisations réunies lundi se retrouvent sur les raisons profondes : "le système ne fonctionne pas. Le gouvernement a fortement investit dans la branche de l'aide à domicile avec le tarif socle, l'avenant 43 sur les salaires. Et pourtant les services sont en difficultés. Il faut une réforme structurelle du financement", demande Vincent Vincentelli, directeur des politiques publiques à l'UNA, l'une des principales organisations professionnelle de l'aide à domicile.
Le diagnostic est posé : sans une refonte globale du système les établissements ne pourront sortir de la spirale d'un déficit structurel qui s'est accru avec le coup de grâce de l'inflation qui n'a été suivie d'aucune mesure d'atténuation. La perspective de la disparition d'établissements se précise. " Des résidences autonomie disparaissent dans l'indifférence car elles ne rentrent pas dans le champ de la CNSA", explique Guenaëlle Haumesser, directrice adjointe de l'Offre de soin, de l'autonomie à la Mutualité française
"Les professionnels sont à bout de souffle. Nous ne pouvons plus ternir la maison tel qu'on nous le demande", lâche Marie Aboussa, directrice du Pôle offre sociale et médico-social de Nexem, autre syndicat employeur du secteur sanitaire et médico-social.
Le Grand-âge hors des débats sociétaux
Le problème est que cela fait des années que cela dure. "Le premier fonds d'urgence pour le domicile date de 2012", rappelle Vincent Vincentelli. Et les rapports, tels que le Rapport Libault en 2019 se sont multipliés sans que jamais un grand plan soit mis en place. La CNSA est devenu la 5e branche de la sécurité sociale en charge de l'autonomie. Mais la promesse d'une Loi Grand-Âge faite par Emmanuel Macron voit passer les ministres sans que rien ne sorte. Elle serait pour la fin de cette année. Les acteurs osent à peine y croire.
" Faut-il que l'on s'enchaîne sur des grues [pour être entendus] ? Mais c'est la démographie qui nous dit l'urgence", rappelle Vincent Vincentelli qui rappelle le vieillissement inéluctable de la population. Selon Guenaëlle Haumesser : " il y a une question de démocratie en santé. La gouvernance de la CNSA doit rester un lieu où les associations représentatives gardent une voix forte et conséquente. Mais nous devons aussi aussi travailler la question dans nos structures. Actuellement nous faisons circuler dans le réseau une pétition qui porte les mêmes questions qu’aujourd’hui et qui a été lancée par des usagers et des familles de nos Ehpad. Nous sommes tous conscients, ici, qu’il faut mieux entendre la voix des personnes concernées."
Jérôme Voiturier, délégué général de l'Uniopss, lui, rappelle un autre fait : "91 % de la lutte contre les exclusion est assurée par les associations, 30 % des Ehpad sont gérés par le secteur privé non-lucratif, 90 % de la prise en charge du handicap... Qu'est qu'on fait si ces structures périclitent ? Que deviennent les personnes qui en bénéficient ?" La question est posée aux pouvoirs publics.
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