Au terme d'un Mois de l'ESS 2023 très dense, un dernier événement a remis au centre l'enjeu de faire de l'ESS un lieu d'exemplarité dans l'égalité femme/homme.
Plus y a d'adhérents, moins il y a de femmes présidentes
Cela avance, mais ce n'est pas parfait. Sur les question de parité et d'égalité professionnelle, l'ESS a longtemps fait ni mieux, ni moins bien que le reste de l'économie. Tout particulièrement sur les enjeux de gouvernance. C'est d'ailleurs là que le retard est encore important, comme l'ont souligné les intervenant de l'ultime événement du Mois de l'ESS 2023. Une conférence organisée par la Confédération générale des Scop, en compagnie d'ESS France et France générosité, intitulé "Administratrice, pourquoi pas vous " .
Dans des secteurs où les métiers sont très féminisés (67 % de femmes parmi les 2,3 millions de salariés de l'ESS), les gouvernances d'entreprises (associations, Scop, mutuelles...) ne compte encore que 37 % de femmes présidentes. Un taux qui descend à 17 % si on fait le compte parmi les associations de plus de 50 salariés. "Plus il y a d'adhérents, moins il y a de femmes présidentes", résume Benjamin Roger, qui dirige l'Observatoire national de l'ESS. Et le phénomène se reproduit dans les instances fédératives. Les femmes sont de moins en moins nombreuses à mesure que l'on remonte vers les instances nationales.
C'est pour cette raison d'ailleurs, qu'ESS France, s'est lancé depuis quelques semaines dans un programme européen dont le but est d'avancer sur la parité des conseils d'administration des têtes de réseaux de l'ESS. Ce programme d'action de deux ans visera à identifier les freins et besoins spécifiques pour l'accès des femmes aux postes à responsabilité, développer des outils pédagogiques et accompagner les membres de différents réseaux. Le projet, intitulé Capse pour Collective action for parity in the Social economy associe ESS à France à, entre autre, deux autres réseaux espagnol (Coseta) et belge (ConcertES).
Doublement des accords d'entreprises
La bonne nouvelle vient de l'égalité professionnelle. Non, nous n'y sommes pas encore dans l'ESS, tout comme dans le reste de l'économie. Toutefois un mouvement s'est enclenché depuis l'Accord cadre sur l'égalité professionnelle de 2015 signé par l'Udes et les organisations de salariés. Le nombre d'accords d'entreprise a plus que doublé entre 2015 et 2019. Un rythme deux fois plus rapide que dans l'ensemble des entreprises. Et 12 branches ont décliné l'accord cadre.
A la force des femmes
Mais les textes ne changeront pas tout. "Il nous faut oser", a interpelé Fatima Bellaredj, déléguée générale de la Confédération générale des Scop et présidente de la Commission parité au sein du Conseil supérieur de l'ESS. Dominique Joseph, ancienne secrétaire générale de la Mutualité française et fondatrice du réseau de femmes Mut'elles se souvient s'être demandé si elle était la "femme alibi". "C'est le genre de question que l'on peut régler dans des lieux cocons où des femmes les partagent et se motivent ensemble. Mais il faut aussi sortir des cocons et faire venir des hommes pour qu'ils comprennent ce que vivent les femmes et surtout, lutter contre."
Le combat pour l'égalité se déroule donc tout autant avec les grandes mesures paliers telles que les quotas de femme dans les conseils d'administration de grandes entreprises, que dans l'acclimatation des hommes à ce que l'inégalité produit en terme de comportements et d'habitudes, que même les plus féministes des hommes, ne voient pas toujours passer dans leur radar.
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