Coupes dans les subventions des collectivités locales, mise à l’arrêt des services civiques faute de vote de la loi de finance, incertitudes budgétaires… le Mouvement associatif constate l’impasse du modèle de financement associatif aujourd’hui et appel à s’émanciper des pouvoirs publics. Service civique en suspend Les mauvaises nouvelles sont quasi quotidiennes actuellement.
Le 29 janvier, l’Agence du service civique était informée par Bercy (ministère des Finances) que les missions de service civiques lancées à partir du 1er janvier 2025 devaient s’interrompre, faut de vote du budget de l’Etat. « Cela laisse sur le carreau 5000 jeunes à qui on a demandé brutalement de rentrer chez eux et qui ne sont pas sûre de percevoir d’indemnités pour leur mission de janvier », s’inquiète Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif.
En 2024 ce sont 150 000 jeunes qui avaeint entamé une mission de six mois de service civique, pour la majeure partie d’entre eux, dans une association.
Coupe dans les Cress
Le 31 janvier, la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de la région Auvergne-Rhône-Alpes exprimait son « incompréhension face au retrait annoncé du soutien régional aux dispositifs de l’économie sociale et solidaire (ESS) ». Suppression de la subvention annuelle à la Cress, du soutien au Dispositif local d’accompagnement (DLA), de son soutien à France Active ou encore au dispositif d’appui à la création de sociétés coopératives et participatives. Près d’1,5 millions d’euros effacés des tablettes et autant d’actions et de soutien au développement des entreprises de cette ESS stoppées par courrier.
4000 heures de travail en moins
Au mois de décembre, la présidente de la Région des Pays de la Loire avait provoqué un fort mouvement de mobilisation en annonçant une coupe de 100 millions d’euros dans le budget 2025. Le budget de la culture, notamment, était quasiment effacé (-73 %) et à l’intérieur de ce budget, 100 % des crédits de soutien à la musique étaient supprimés, soit 2 millions d’euros.
Maxime Gaudais, directeur du Pôle (réseau des acteurs de la musique des Pays de la Loire) illustre : « Le Stéréolux, géré par l’association Songo à Nantes, c’est deux salles de concert, un festival qui attire 130 000 spectateurs et 25 ans de partenariat avec la Région. La coupe de 76 000 euros qui les touche, c’est 19 soirées de concerts annulés, 4000 heures de travail non-effectuées, 100 nuités d’hôtel qui ne seront pas facturées, 20000 euros de commande de marchandises… »
S'émanciper des pouvoirs publics
En ce qui concerne le service civique, l’adoption du projet de loi de finance et l’éloignement de la perspective d’une censure du gouvernement Bayrou peut laisser espérer la reprise des missions. Mais les économies annoncées vont toucher tous les pans des activités associatives. Fin novembre, l’UDES, l’Union des employeurs de l’ESS, évaluait à 186 000 le nombre d’emplois menacés dans l’ESS, en raison de 8 milliards d’économies budgétaires qui impacteront l’activité de ses membres.
« Nous sommes au bout du bout. Nous avons fait évoluer nos modèles économiques, cherché d’autres types de ressources, mais notre situation ne s’est pas arrangée depuis la crise de 2009 (…) Nous sommes un pan important de notre Société et j’ai l’impression qu’on est pris pour des rigolos ! Comment faire pour être respecté comme l’est le secteur marchand ? » s’alarme Sophie Vally, secrétaire général des Petits débrouillard, un réseau national de l’éducation populaire.
Lors des vœux du Mouvement associatif, Claire Thoury a sans doute apporté un début de réponse: « Depuis trop longtemps nous pensons notre légitimité par rapport à la puissance publique et par rapport à ce que le politique nous concède et nous reconnait. Ca a été utile et nécessaire, mais je crois que cela nous pose de plus en plus de difficultés car je crois que cela nous empêche de construire un projet qui ne soit pas en réaction à ce que le politique nous propose. » Des termes qui affichent le souhait d’infléchir la stratégie du Mouvement associatif, engagé ces dernières décennies dans l’effort de rassembler les associations pour les représenter. De fait, le Mouvement associatif, représente aujourd’hui, via ses membres, la moitié des 1,5 millions d’associations en France.
« Nous devons trouver les moyens de nous émanciper, non pas des publics, non pas de l’action publique, mais des pouvoirs publics », a insisté Claire Thoury.
Changer les modes de financement
Pour cela, le Mouvement associatif a entamé un travail devant mener à des propositions d’évolution profonde des modes de financement des associations. La base de ce travail se trouve ans l’Avis adopté par le Conseil économique, social et environnemental en 2024 sur le Financement associatif. Sécurisation de la subvention, création de fonds de soutien à l’action associative, le travail est en cours avec l’objectif de créer un plaidoyer pour faire émerger un nouveau modèle de financement des associations d’ici la fin de l’année. Un timing ambitieux.
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